Maroc : les pauvres paient le prix fort13/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2876.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : les pauvres paient le prix fort

Le bilan du tremblement de terre survenu vendredi 8 septembre est tragique : 2 900 morts recensés mercredi 13. Des villages entiers sont quasiment rasés : 300 000 personnes sont sans logis et dans un dénuement total.

C’est aussi, et avant tout, le bilan de la misère et de l’abandon par les pouvoirs publics des populations vivant dans cette zone.

Dans la ville de Marrakech, c’est la médina (la « ville ancienne ») qui a été la plus touchée, et en particulier le quartier populaire du Mellah. Il avait pourtant fait l’objet de travaux de réhabilitation, pour un coût de 20 millions d’euros d’argent public, il y a huit ans. Mais ses habitants n’ont pu que constater que les habitations « réhabilitées » se sont fissurées et effritées comme les autres lors du tremblement de terre. Résultat de la corruption et de la gabegie, la prétendue réhabilitation n’a consisté pour l’essentiel qu’en un coup de badigeon destiné à créer un joli décor pour les touristes.

Les villages de montagne des provinces d’Al Haouz, de Taroudant et de Chichaoua ont été encore plus durement touchés. Les maisons anciennes en pierres sèches ou en briques de terre crue se sont littéralement effondrées sur leurs occupants. Mais, là encore, ce drame est avant tout le résultat de la pauvreté et de la marginalisation de ces régions.

Les risques de séisme sont bien connus au Maroc. Depuis 1960, date d’un précédent tremblement de terre qui avait quasiment détruit la ville d’Agadir et tué le tiers de sa population, les constructions de bâtiments devraient théoriquement se faire aux normes antisismiques. Mais, dans ces villages, les habitants ont dû se débrouiller comme ils pouvaient pour construire les habitations nécessaires, se contentant souvent d’ajouter un nouvel étage, porté par une dalle de béton, au-dessus de la maison ancienne, ce qui a contribué à la fragiliser.

L’électricité et l’eau potable ont fini par être installées, dans les années 1990, mais la piètre qualité des installations et les fuites d’eau qui en découlent ont aussi dégradé l’habitat ancien, en altérant ses fondations.

Enfin, alors que la rapidité des secours est fondamentale dans ce type de catastrophe, ceux-ci ont été considérablement ralentis par le manque de routes et l’état déplorable de celles qui existent.

Finalement, comme d’habitude, les habitants n’ont pu compter pour les premiers secours que sur eux-mêmes et sur la solidarité massive des Marocains des régions épargnées et de la diaspora.

En 2004, une catastrophe similaire avait touché la région d’Al Hoceïma, dans le Rif, elle aussi montagneuse et pauvre. La gestion de la crise, lente et inefficace, avait donné lieu à des manifestations de colère des sinistrés, qui avaient alors défié le régime. C’est tout ce qu’il mérite, aujourd’hui encore, lui qui déploie des moyens sophistiqués et ultramodernes pour surveiller et réprimer la population mais n’en met qu’une infime partie au service des sinistrés.

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