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Leur société
Mayotte : crise de l’eau et mépris de l’État
La crise de l’eau s’approfondit à Mayotte. 30 % de la population, entassée dans les bidonvilles, vit déjà sans eau courante, obligée d’aller quotidiennement à la fontaine payante ou à la rivière.
Depuis plus d’un mois, le reste des habitants est aussi privé d’eau courante plusieurs heures par jour.
Cela va encore empirer : à partir du 4 septembre, l’eau sera coupée deux jours sur trois, voire cinq jours sur sept dans certaines communes. Alors que c’est la rentrée des classes, et que les écoles sont aussi concernées par ces coupures, le rectorat a annoncé pour seule mesure qu’il fournirait une gourde à chaque enfant ! Reste à savoir où ils pourront la remplir…
Une fois rétablie, l’eau n’est pas potable pendant plusieurs heures. C’est la même chose pour l’eau stockée dans des cuves, seule solution à l’heure actuelle. Les maladies commencent à se multiplier. Et il n’y a même pas de distribution de bouteilles d’eau ! Les 6 euros que coûte un pack d’eau représentent une somme pharaonique pour bien des familles, les trois quarts de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Le quotidien est désormais invivable pour les classes populaires, laissées sans solution.
La semaine dernière, le ministre des Outre-mer a annoncé qu’un osmoseur, appareil permettant de dessaler de l’eau de mer, serait opérationnel « avant la fin de l’année ». Non seulement la production attendue est très faible au vu des besoins, mais les travailleurs de l’île ont l’habitude de ces promesses en l’air. Ainsi, l’usine de dessalement existante ne produit qu’un quart du volume promis lors de sa rénovation en 2018 car les analyses préalables d’eau de mer n’avaient pas été effectuées correctement. La seule chose que l’usine, aux mains de Vinci construction, filiale du groupe multimilliardaire, a réussi à pomper efficacement, ce sont les subventions publiques. Qu’est-ce que Vinci construction en a fait ? Une seule certitude : il n’a ni rénové l’usine ni entretenu le réseau pour empêcher qu’un tiers du volume d’eau potable s’échappe sous forme de fuites.
Les investissements n’ont jamais été suffisants pour répondre véritablement aux besoins en eau de l’île. Par contre l’État trouve de l’argent pour financer l’opération de répression Wuambushu, qui s’en prend aux plus pauvres en détruisant leurs logements. Et pas question que les policiers venus faire la chasse à l’homme aient soif. Pour eux, l’État avait fait venir spécialement des unités de dessalement, qu’il s’est empressé de ramener en métropole fin juin, alors qu’elles auraient pu servir pour une partie des habitants. Ceux-ci vivent aujourd’hui une crise de l’eau qui n’est pas tant liée à la sécheresse qu’au profond mépris de l’État français pour leur sort.