- Accueil
- Lutte ouvrière n°2874
- Martinique : jeunes en colère
Leur société
Martinique : jeunes en colère
Dans la nuit du vendredi 25 août, des échauffourées ont eu lieu entre jeunes et forces de police dans certains quartiers de Fort-de-France en Martinique.
Une dizaine de voitures et des poubelles ont été brûlées sur le boulevard Maurice-Bishop, à l’entrée de la ville.
Les incidents ont commencé suite à un rassemblement d’un petit groupe de jeunes et d’activistes nationalistes devant la préfecture en fin d’après-midi. Ils entendaient dénoncer l’inaction de l’État et des élus face à la délinquance et à la criminalité récurrente dans les quartiers populaires. Les deux homicides crapuleux perpétrés durant le mois d’août en sont la dernière manifestation. Le rassemblement a vite dégénéré. Les jeunes ont été refoulés par la police. Jets de pierres et grenades lacrymogènes s’en sont suivis. Ces jeunes en colère se sont trouvés face à la police et au RAID. Cette unité spéciale a été dépêchée en Martinique prétendument pour faire face aux trafiquants de drogues et d’armes à feu.
Les manifestants ont dénoncé les agissements de la police en s’adressant aux personnes assistant à une manifestation culturelle non loin, sur la place de la Savane. Plus tard dans la soirée, certains d’entre eux ont mis le feu à des poubelles et brûlé des voitures aux carrefours de l’avenue Maurice-Bishop. On a entendu des tirs à balles réelles. Une station-service du boulevard a été pillée. Durant la même nuit d’autres incidents ont eu lieu. Des poubelles ont été brûlées à l’entrée de la cité populaire de Langelier à Fort-de-France. Un magasin de motocycles a été dévalisé au Lamentin.
Malgré leur soudaineté, de tels incidents n’interviennent pas comme un éclair dans un ciel serein. Ces derniers mois, la situation des travailleurs et des familles populaires se dégrade à grande vitesse. L’augmentation importante des prix, notamment de l’alimentation, des carburants et de l’énergie, est devenue insupportable. La jeunesse en paie le prix fort. Au chômage endémique s’ajoutent les boulots précaires, les stages bidon et humiliants. À cela viennent s’ajouter la consommation et le trafic de la drogue, ainsi que la circulation des armes lourdes, qui se renforce dans certains milieux.
Face à cette situation, les élus locaux sont impuissants. Ils semblent bien plus préoccupés par les prochaines élections sénatoriales. Dans ce contexte, de telles expressions de colère ne sont donc pas surprenantes.