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- Lutte ouvrière n°2874
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Leur société
L’Île-Saint-Denis : “Les gens avant les JO !”
Depuis l’incendie meurtrier du samedi 19 août, qui a fait trois morts, se pose le problème du relogement de 46 familles de la tour.
Jusqu’au 1er septembre, les habitants sont logés dans des hôtels, aux frais de l’office HLM, ou chez des proches. Ils ont eu accès à leur logement pour récupérer quelques affaires. Les appartements des cinq derniers étages, du 8e au 12e, sont détruits ou nécessitent de gros travaux. Jusqu’au 7e étage, les logements sont intacts. L’office HLM assure avoir nettoyé et sécurisé le bas de la tour, en ce qui concerne l’électricité, l’eau et le gaz, pour permettre à leurs occupants d’y retourner le plus rapidement possible. Mais la plupart des habitants préfèrent, eux aussi, être relogés ailleurs après avoir vécu deux incendies en deux ans, sans parler des ascenseurs hors service.
La solidarité des habitants et de la municipalité est grande. Des salles municipales sont ouvertes aux sinistrés, des repas préparés par des associations locales, des collectes de vêtements organisées. Une cagnotte en ligne a permis de récolter plus de 6 000 euros. La mairie a organisé un hommage aux victimes qui a réuni des centaines de personnes. Elle a aussi créé un fonds d’urgence de 50 000 euros et ouvert le centre de loisirs gratuitement aux enfants de la tour.
L’office HLM Seine-Saint-Denis Habitat, le plus grand du département, affirme ne pas disposer de beaucoup de grands logements, F4 ou F5, à proximité. Quelques propositions de relogement ont été faites, souvent refusées par les sinistrés car trop éloignées ou situées dans des grandes cités du département. L’office HLM a réuni une fois les habitants, qui ont exprimé leur colère sur la vétusté de la tour, probablement à l’origine de l’incendie. Depuis, il se contente de faire pression individuellement sur les familles, pour qu’elles acceptent ses propositions et menace de ne plus payer l’hôtel après le 1er septembre. Les habitants ont du mal à croire qu’il n’y a pas de logements à proximité. Dans la commune elle-même, 300 logements viennent d’être construits, mais ils font partie du village olympique, destiné à accueillir les athlètes.
Face à ce mépris, les habitants se sont organisés en collectif. Ils se réunissent quotidiennement, avec l’aide du DAL (Droit au logement). En réponse au maire, qui dit souvent « Les gens avant l’argent », ils ont écrit sur la banderole du collectif « Les gens avant les JO ». Ils savent pouvoir compter sur le soutien des autres habitants de la ville.