La question n’est pas nouvelle. En situation de crise, tous les gouvernements rançonnent la population au profit de la minorité des grands possédants. À ce jeu, les deux partis qui alternaient au pouvoir, le PS et la droite, se sont déconsidérés, laissant la place à un Macron en 2017. Réélu en 2022 comme barrage à Le Pen, Macron ne peut pas se représenter en 2027. Ni la gauche ni la droite ne semblent pour l’instant en mesure d’effacer l’ardoise du passé. Darmanin se propose donc, assurant qu’il est capable d’attirer les suffrages populaires et de siphonner les voix du RN.

Mais, si Darmanin en appelle au peuple, voire aux travailleurs rebaptisés classes moyennes, il n’a rien à leur offrir. Ou plutôt il ne leur offre que ce que son gouvernement leur distribue déjà : les retraites saccagées, les chômeurs méprisés et pourchassés, les salaires bloqués, les travailleurs précarisés, écoles, santé, transports publics démantelés. Il promet d’appliquer la politique de Le Pen, comme Macron lui-même l’avait fait après avoir été élu : chasse aux migrants, répression contre les pauvres et les prétendus assistés, délire antimusulman, tous les droits pour la police et aucun pour les travailleurs.

Le programme de Darmanin, ou plutôt son prospectus de vente, se résume à prétendre éviter l’arrivée de Le Pen au pouvoir en assurant à ses électeurs qu’il fera, lui, la politique qu’elle propose depuis toujours. Sans aucune garantie d’ailleurs, car les aléas électoraux ou parlementaires pourraient les conduire à gouverner ensemble, le pseudo-barrage se transformant ainsi en tapis rouge.