Algérie : la canicule n’est pas seule en cause26/07/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/07/2869.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Algérie : la canicule n’est pas seule en cause

En Algérie, après trois semaines d’une canicule sans précédent, le nord du pays est en proie à des incendies ravageurs. Près d’une centaine de feux de forêt se sont déclarés dans seize wilayas, à Boumerdès, Bouira, Tizi Ouzou, Médéa… Mais c’est à l’est du pays, à Béjaïa, qu’ils ont été les plus meurtriers.

Lundi 24 juillet, un bilan provisoire dénombrait des centaines de blessés et 34 morts, dont une dizaine de militaires qui tentaient de secourir des habitants. Ces incendies ont affecté des zones densément peuplées, des villages et des habitations ont été détruits, des agriculteurs ont vu leur élevage carbonisé, leurs vergers, leur champs de vignes et d’oliviers partir en fumée.

Ces incendies, attisés par des vents très forts, surviennent dans un contexte de canicule extrême qui frappe le Maghreb, particulièrement la Tunisie et l’Algérie, mais aussi la Grèce et d’autres pays méditerranéens. Des températures anormales, de 48 degrés, ont été enregistrées à Alger.

Si le réchauffement climatique est une réalité dévastatrice, il n’est pas seul en cause. Deux ans après les incendies de l’été 2021, qui avaient ravagé la Kabylie, détruisant des millions d’hectares et causant des centaines de morts, beaucoup ont le sentiment que peu de choses ont été faites par le pouvoir. Certes, contrairement à l’été 2021, la protection civile dispose d’un bombardier d’eau et de six autres loués en Amérique du Sud, mais c’est loin d’être suffisant.

Depuis des décennies, l’État s’est désengagé de la gestion des forêts, les agents forestiers ne sont plus que 3 300 à gérer 414 postes de vigilance. 1 220 agents partis à la retraite n’ont jamais été remplacés. Les pompiers de la Protection civile sont victimes de coupes budgétaires drastiques.

Résultat, le vaste et dense massif forestier au relief accidenté est moins entretenu, moins débroussaillé et moins surveillé. Sans compter qu’en 2007 un décret permettait la privatisation de la forêt, la livrant à la rapacité des promoteurs immobiliers et à des intérêts privés, peu soucieux de son entretien.

Outre les incendies, la canicule a rendu la situation invivable pour tous ceux qui continuent à travailler dans les usines et les chantiers. Dans cette fournaise, se déplacer, aller faire ses courses est un calvaire. La santé des plus fragiles est menacée.

En Algérie comme en Grèce, en Italie et dans tout le bassin méditerranéen, les températures extrêmes se répètent et semblent devenir la norme. Des solutions et des moyens techniques existent pour s’en protéger, pour préserver les ressources en eau, pour surveiller et protéger les forêts, pour limiter le travail dans des conditions dangereuses et protéger les vies. Les travailleurs et les classes populaires, qui en sont les premières victimes, ne peuvent compter pour cela sur aucun des gouvernements concernés, tous dévoués aux intérêts des plus riches.

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