UE-Tunisie : un accord signé avec le sang des migrants19/07/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/07/2868.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

UE-Tunisie : un accord signé avec le sang des migrants

La Commission européenne vient d’accorder au président tunisien Kaïs Saïed un financement de 105 millions d’euros pour « la gestion des frontières, la lutte contre la contrebande, le retour et la résolution des causes profondes ».

Cela représente un doublement des moyens accordés à l’État tunisien pour jouer les gendarmes contre les migrants qui tentent de rejoindre l’Europe. Quelques jours avant la signature, la police tunisienne abandonnait dans le désert des dizaines de migrants originaires d’Afrique subsaharienne, dont certains ont été retrouvés morts. Cela n’a pas freiné Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, venue signer l’accord avec la Tunisie, accompagnée de Meloni, Première ministre italienne, et de son homologue hollandais Rutte. La France, pas en reste, avait déjà promis 25,8 millions d’euros le 19 juin pour « acquérir des équipements nécessaires et organiser les formations utiles, notamment des policiers et gardes-frontières tunisiens ».

L’UE sous-traite la chasse aux migrants à des pays extérieurs, comme elle l’a fait depuis 2016 avec la Libye. Dans ce pays, cela s’est traduit par la création de camps de détention, la torture, du travail forcé, des abandons dans le désert.

La population tunisienne de son côté souffre de pénuries alimentaires à répétition depuis que le FMI a suspendu son aide financière en octobre 2022. Les produits de base, dont les prix sont subventionnés par l’État, sont très fréquemment absents des étals. Pour reprendre ses versements, en retard de plusieurs milliards, le FMI demande notamment la suppression de ces prix subventionnés.

L’UE se sert de cette situation économique catastrophique pour se livrer à un chantage cynique : le plan anti-migrants en échange du déblocage d’une aide supplémentaire de 150 millions d’euros, sans attendre l’accord du FMI.

Migrants morts dans le désert ou dans la Méditerranée, population tunisienne à qui on impose des privations, tous sont victimes de la même dictature : celle des dirigeants des grandes puissances impérialistes et de leurs complices locaux.

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