Début juillet, ma fille a fait sa journée défense et citoyenneté (JDC), obligatoire pour chaque jeune à partir de 16 ans. Voici ce qu’elle m’a raconté de sa journée :

Au départ, on a eu droit à un petit laïus encore pas trop méchant sur le beau pays qu’est la France, l’égalité homme-femme qui est garantie, le droit de manifester qui est respecté, la justice qui est la même pour tous, l’État qui est là pour les citoyens et dépense le plus pour l’éducation... et bien sûr la police et la gendarmerie qui sont là pour aider, alors « il ne faut pas écouter ceux qui critiquent ».

Cela ça s’est corsé l’après-midi avec l’évocation des gilets jaunes. En gros, ceux-là n’avaient fait que des choses horribles, notamment lorsqu’ils ont dégradé l’Arc de Triomphe. Ensuite, on arrive sur l’affaire Nahel : selon le gendarme instructeur, le collègue (tueur de Nahel donc) n’a rien à se reprocher, n’a fait que son travail, et a agi en état de légitime défense. Et d’ajouter (comme si ça justifiait tout) que Nahel a sans doute grillé quelques feux rouges avant la vidéo. Le gendarme a terminé en disant : « de toute façon aujourd’hui tout est politisé et on ne peut plus rien faire. Quand on arrête des jeunes, ils sont ensuite relâchés par la justice et ils viennent nous faire des doigts d’honneur, ce qui est intolérable. »

Donc à la JDC, on apprend que pour police et gendarmerie, il est normal de tuer un jeune parce qu’il a grillé des feux rouges et qu’en plus s’il avait été simplement arrêté, il serait ensuite peut-être revenu leur faire des doigts d’honneur.

Ma fille est revenue très en colère de cette journée, elle est d’ailleurs intervenue pour dénoncer tous ces mensonges. Mais au moins, cela l’a confortée dans l’idée qu’il ne faut pas avoir d’illusions dans l’armée et la police…