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Tribunaux : les greffiers en colère
Depuis quinze jours, les greffiers protestent et ils ont fait grève à l’échelle nationale les lundi 26 juin et 3 juillet.
Au nombre de 10 000 dans le pays, les greffiers ont commencé leur mouvement en refusant une nouvelle grille salariale, mais aujourd’hui leur colère va bien au-delà et ils dénoncent le mépris avec lequel les différents ministres de la Justice les traitent. Ils ont le soutien de nombreux magistrats et avocats et demandent des embauches et une augmentation de salaire de 150 euros par mois.
Mardi 27 juin, ils avaient accueilli bruyamment le ministre de la justice, Dupond-Moretti, en visite au tribunal de Lyon. La veille, le ministre avait accordé une entrevue aux syndicats, mais sans s’engager à rien. Mardi 4 juillet, ils ont été reçus par le même ministre qui a affirmé qu’ils ne seront pas oubliés... mais il a reporté toute discussion à l’automne.
Ce mouvement largement suivi est l’occasion de rappeler le rôle essentiel de ce personnel sans lequel tous les tribunaux ne fonctionneraient qu’au ralenti, voire seraient bloqués. Titulaires d’un bac+2 après une formation à l’École nationale des greffes, ils intègrent les tribunaux. Sans le travail de ces « petites mains » rien ne se fait, car ils ont en charge la gestion de toute la partie administrative des dossiers, des relations avec les avocats, de l’assistance aux magistrats jusqu’à la signature des jugements, avec entre autres les procédures de paiement des pensions alimentaires. La lenteur de la justice est principalement due au fait qu’ils ne sont pas assez nombreux. Au tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, ils n’étaient que 565 greffiers en 2021 quand, selon les syndicats, 1 240 seraient indispensables. Une juge d’application des peines, membre du Syndicat de la magistrature, explique que pendant trois semaines elle n’a eu aucun greffier pour un service pourtant le plus important du pays.
Les greffiers en grève expliquent que la situation ne peut que s’aggraver, car de moins en moins de personnes se présentent, sans parler des démissions en cascade parmi le personnel épuisé. Et ce ne sont pas les primes attribuées à ceux qui s’engagent à rester en poste, comme par exemple à Bobigny les 10 000 euros proposés pour cinq ans d’activité, qui suffisent à arrêter cette hémorragie.