Répression : une justice de classe expéditive05/07/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/07/2866.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Répression : une justice de classe expéditive

Plus de 3 300 gardes à vue, 570 défèrements devant un juge, 260 comparutions immédiates, des mois de prison ferme pour un simple vol : la justice s’est abattue avec brutalité sur les jeunes émeutiers.

Dupond-Moretti, ministre de la Justice, a donné le ton en envoyant une circulaire aux procureurs exigeant une réponse judiciaire « rapide, ferme et systématique » avec « des peines sévères ». Il réclamait une sévérité aggravée « pour ceux qui visent des policiers ». Pour répondre à cette injonction et « traiter cette masse de procédures », le porte-parole des 164 procureurs de la République était très fier d’annoncer : « Les procureurs et les juges se sont mobilisés jour et nuit, y compris le week-end. » Heureusement, le 3 juillet, la grève nationale des greffiers, celles et ceux qui assurent le travail administratif indispensable et quotidien, a un peu entravé la fureur répressive des magistrats.

Sans surprise, alors que 60 % des prévenus n’ont aucun antécédent judiciaire et qu’un tiers sont des mineurs, les juges ont suivi les réquisitions des procureurs. À Chartres, un jeune homme de 25 ans a écopé de sept mois ferme avec incarcération pour vol en réunion dans un magasin pillé. À Nancy, deux jeunes ont pris quatre mois ferme plus quatre mois avec sursis pour avoir tiré des mortiers d’artifice. D’autres feront six mois de prison pour avoir lancé un projectile contre la police.

Sans approuver le pillage et la casse stérile, il faut constater le contraste entre la rapidité et la sévérité des juges contre ces jeunes des quartiers populaires et leur complaisance quand il s’agit de juger des industriels qui ont tué avec de l’amiante, du chlordécone ou en s’affranchissant des mesures de sécurité élémentaires. Cette attitude n’est ni étonnante ni nouvelle. Lors des manifestations des gilets jaunes en 2018-2019, plus de 3 000 personnes avaient été condamnées, dont des centaines à de la prison ferme. Lors de la lutte contre la retraite à 64 ans, la moindre rébellion, même symbolique, contre la police a été sanctionnée par une garde à vue et souvent une condamnation.

La justice est aussi dure avec les jeunes des quartiers, les pauvres, les travailleurs qui se révoltent qu’elle est douce aux riches et aux puissants dont elle défend les intérêts et la propriété.

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