- Accueil
- Lutte ouvrière n°2866
- Marseille : injustice immédiate
Leur société
Marseille : injustice immédiate
Depuis lundi 3 juillet, des jeunes interpellés suite au pillage de magasins sont jugés en comparution immédiate à Marseille. Les peines prononcées sont parfois supérieures aux réquisitions, de quatre à dix mois ferme, pour des jeunes sans antécédents judiciaires.
Alors que les plus jeunes sont jugés à huis clos, comme ce jeune de 14 ans interpellé en train de manger du fromage dans un Monoprix pillé, ce sont des jeunes entre 18 et 25 ans qui ont comparu lors des trois audiences du lundi. Plusieurs avocats commis d’office se sont indignés de la sévérité de la Cour et des peines prononcées. Car le parcours de ces jeunes reflète celui de la jeunesse des quartiers populaires, avec une scolarité parfois hachée, une vie précaire. Ils ont surtout eu le tort de se trouver sur place au moment où les forces de l’ordre arrivaient, une fois la devanture fracassée et les rayons vidés.
Ayant enchaîné gardes à vue et détention provisoire, ils ont été condamnés à de longs mois de prison ferme avec mandat de dépôt. Parmi eux, une jeune fille de 19 ans, interpellée pour s’être glissée sous le rideau à moitié cassé d’un magasin, est repartie en pleurs en prison, alors qu’elle devait commencer dans quelques jours une formation d’auxiliaire de vie. Une peine ferme aussi a été décidée pour cet élève de lycée professionnel arrêté avec une raclette de fer qu’il venait de ramasser et dont il n’a fait aucun usage, ou encore pour ce jeune sans domicile fixe, connu pour des addictions à la drogue et à l’alcool, qui a été interpellé au petit matin près d’un magasin pillé et était poursuivi pour tentative de vol.
Comme l’avait annoncé en préambule l’un des procureurs, il s’agissait d’infliger des peines exemplaires, en insistant sur la nécessité de réparer « Marseille outragée ». C’est bien se faire le digne représentant d’une justice de classe au service d’un ordre social injuste, car l’outrage pour les jeunes des quartiers populaires est permanent, qu’il s’agisse du logement insalubre ou du manque de travail, en passant par une école au rabais et des transports insuffisants. Et aucun procureur n’a condamné ceux qui en sont responsables !