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Dans les entreprises
Grand Paris : chantiers de haute insécurité
Les travaux du Grand Paris avancent à pas de tortue, et pour cause : sur des chantiers de plusieurs dizaines de mètres de profondeur et plusieurs centaines de mètres carrés, il n’est pas rare qu’il n’y ait que deux ouvriers, voire un seul.
Comme tous ne travaillent pas toujours au même étage, si un travailleur fait un malaise, personne ne sera là pour l’aider avant plusieurs heures, voire plusieurs jours. Et, avec l’été qui arrive, un coup de chaud est vite arrivé.
Le matériel aussi arrive à pas de tortue : il faut parfois plusieurs semaines pour obtenir des fournitures élémentaires, tellement les entreprises mégotent sur tout. Quand le matériel arrive enfin, on se rend parfois compte qu’il n’est pas adapté, ou pas aux normes, ou vétuste. Par exemple, obtenir une ponceuse à aspiration en état de marche relève du miracle pur et simple. Quant à avoir des masques ou de la rubalise (ruban signalisateur de chantier), c’est mission impossible chez certains sous-traitants. C’est donc la débrouille pour se partager la misère. Il n’est pas rare que des ouvriers, en désespoir de cause, amènent leur propre matériel. Les opérations de ponçage sans aspiration provoquent des nuages de poussière qui étouffent et aveuglent... et atterrissent directement dans les habitations proches des chantiers.
Il y a aussi très peu de toilettes, ce qui, sur des chantiers qui font parfois huit ou dix étages, peut s’avérer assez problématique. Par exemple, si on travaille au sixième sous-sol et qu’on doit aller aux toilettes au rez-de-chaussée, c’est toute une expédition. Les installations d’hygiène sont tellement déficientes qu’il est même étonnant que les ouvriers ne se soulagent pas n’importe où ! En sous-sol, il fait tellement humide que les plans papier fondent, et quant à la ventilation, c’est un jour avec, un jour sans.
La sécurité est à l’avenant : sur certains chantiers, les cages d’ascenseur ne sont pas sécurisées et, en cas de chute, la mort est assurée 15 mètres plus bas. Quant aux plateformes individuelles de sécurité, elles ne sont pas adaptées à la taille des chantiers du Grand Paris : on est soit trop haut, soit trop bas, et alors obligé de travailler sur les marches, ce qui est déconseillé, ou de faire les funambules sur les barres d’échafaudage, ce qui l’est encore plus.
Devant les accidents qui s’accumulent, la seule politique de la Société du Grand Paris et des prestataires est de rejeter la faute sur les travailleurs, qui ne seraient pas prudents, pas disciplinés ou pas responsables. Des cadres du génie civil ont installé une Sainte-Vierge au sixième sous-sol. Depuis le Moyen-Âge, on a pourtant trouvé de meilleurs moyens d’assurer la sécurité des travailleurs !