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Dans le monde
Sommet de Paris : les pays pauvres attendront…
À l’initiative de Macron, une quarantaine de chefs d’État, des représentants d’ONG et de sociétés privés, des philanthropes à la Bill Gates se sont donné rendez-vous les 23 et 24 juin à Paris.
Il s’agissait de redéfinir, rien de moins, un « nouveau pacte financier mondial » censé aider les pays pauvres à faire face au surendettement et au réchauffement climatique.
À l’occasion de ce Sommet, certains chefs d’État comme le brésilien Lula ou la Première ministre de la Barbade, Mia Motley, ont dénoncé la responsabilité des grandes puissances industrielles dans la crise climatique et le sous-développement d’une partie de la planète. Le Sommet a rappelé – il a eu au moins cette utilité – que depuis trois ans les conditions d’existence se dégradent dans le monde. La sous-nutrition concerne 150 millions de personnes supplémentaires, l’extrême pauvreté est repartie à la hausse. Le spectre du surendettement ressurgit pour des dizaines d’États, toujours payé d’une catastrophe par leur population.
Alors que le monde brûle de toute les manières possibles, Macron et la quarantaine de chefs d’État réunis à Paris demandent de regarder vers le FMI, la Banque mondiale et les banques d’aide au développement. Ils promettent des apports supplémentaires en milliards de dollars ou d’euros pour irriguer les pays pauvres et les sortir de leurs tourments. C’est grotesque puisque ces officines ont toujours d’abord arrosé les multinationales, et accessoirement les potentats locaux en dessous de table et pots-de-vin.
À ce propos, une des seules mesures concrètes annoncée à Paris est révélatrice des enjeux : le Sénégal de Macki Sall, dont la police a tué des dizaines de manifestants dans les dernières semaines, va, selon le magazine Challenges, « recevoir 2,5 milliards d’euros pour promouvoir les énergies renouvelables ». La somme est prêtée par le FMI, des bailleurs publics et privés, avec le soutien de la France, de l’Allemagne, de l’Union européenne. Total, premier réseau de distribution d’énergie du pays, en bénéficiera sous prétexte de projet vert. Alors que le Sénégal est au bord de la banqueroute, la population ne peut certainement pas regarder ces 2,5 milliards comme une bénédiction puisqu’il faudra les rembourser, avec intérêts.
Il ne pouvait rien sortir de bien décisif de ce Sommet de Paris, mais Macron a pu soigner sa légende de sauveur de la planète, des dirigeants corrompus jusqu’à la moelle et vivant en vampires sur le dos des populations ont joué aux bienfaiteurs, des centaines de milliards ont été promis, des affaires se sont conclues.
Les populations, elles, resteront sous le diktat des multinationales, des bailleurs de fonds publics ou privés.