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Israël-Palestine : l’escalade meurtrière de Netanyahou
Après que l’armée israélienne a pénétré, lundi 19 juin, dans la ville de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, des combats particulièrement violents ont éclaté, faisant six morts, dont un adolescent de 15 ans, et plus de 90 blessés du côté palestinien.
De telles opérations militaires ont lieu quasiment quotidiennement en Cisjordanie mais, pour la première fois depuis la fin de la seconde Intifada, au début des années 2000, un hélicoptère israélien a tiré des missiles sur des quartiers d’habitation situés dans une zone densément peuplée, à proximité d’un camp palestinien où vivent plus de 23 000 personnes.
La ville de Jénine est située dans une zone dite autonome, censée être administrée par l’Autorité palestinienne (AP) mise en place après la signature des accords d’Oslo en 1993. En réalité, plus que jamais, l’armée israélienne agit à sa guise. La répression à l’encontre des Palestiniens s’est aggravée depuis l’arrivée au pouvoir, en décembre, d’un gouvernement de coalition formé avec des partis de l’extrême droite ultranationaliste et religieuse. Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, dirigeant du Parti sioniste religieux, a appelé l’armée à mener une « campagne de large envergure » en Cisjordanie. Cette politique n’a fait qu’alimenter une escalade de violence qui a causé la mort d’au moins 164 Palestiniens et 21 Israéliens depuis le début de l’année.
À la violence de l’armée s’ajoute la colonisation, que le gouvernement prévoit d’accélérer. Dimanche 18 juin, Smotrich s’est vu attribuer les pleins pouvoirs pour planifier la construction de colonies juives. Il entend ainsi doubler le nombre de colons en Cisjordanie, qui sont 700 000 actuellement, dont 229 000 à Jérusalem-Est. Selon l’un des représentants de l’ONG israélienne La Paix maintenant, grâce aux nouvelles mesures, « construire des logements dans les colonies de Cisjordanie sera presque aussi simple que dans les villes du centre du pays comme Tel-Aviv ou Haïfa ».
Enfin, comme il s’y était engagé vis-à-vis de ses alliés d’extrême droite, Netanyahou s’est lancé dans une réforme du système judiciaire. Celle-ci prévoit notamment le renforcement des pouvoirs du Parlement au détriment de la Cour suprême, institution à laquelle les mouvements religieux se sont heurtés à plusieurs reprises en cherchant à étendre leur emprise sur la vie sociale.
Depuis le mois de janvier, des dizaines de milliers d’opposants à cette réforme se sont retrouvés à manifester chaque semaine, tous les samedis, dénonçant à juste titre l’évolution vers un régime de plus en plus autoritaire, soumis aux forces politiques les plus réactionnaires. Face à une mobilisation qui a trouvé des soutiens dans de très nombreux milieux, y compris au sein de l’appareil d’État et de l’armée, Netanyahou a été contraint, fin mars, de décréter une « pause ». Soumis à la pression de ses alliés d’extrême droite, il vient d’annoncer le 18 juin la relance, « de manière unilatérale », de son projet de loi.
Pour pouvoir se poser en garant de la sécurité des Israéliens, Netanyahou ne manque aucune occasion de faire monter les tensions avec les Palestiniens. Cela contribue certainement à expliquer la violence mise en œuvre ces derniers jours par l’armée israélienne. Cette politique ne peut qu’alimenter une escalade toujours plus meurtrière et conduit les Israéliens eux-mêmes dans une impasse. « Nous ne laisserons pas Ben-Gvir [ministre israélien de la Sécurité nationale, d’extrême droite] s’en tirer avec des meurtres dans la société arabe », pouvait-on lire sur une pancarte tenue par un manifestant israélien. C’est dans cette voie que réside l’espoir d’un avenir qui verrait Juifs et Palestiniens vivre en paix sur le même territoire.