Charente-Maritime : après le séisme21/06/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/06/2864.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Charente-Maritime : après le séisme

Vendredi 16 juin, un séisme de magnitude 5,3 à 5,8, suivi d’une réplique de magnitude 5 la nuit suivante, ont occasionné des dommages dans plusieurs milliers d’habitations du nord de la Charente-Maritime, dans l’Aunis et les Deux-Sèvres ainsi qu’en Vendée.

Il y en aurait pour plusieurs centaines de millions d’euros de dégâts, d’après les experts d’assurances. Fissures, toits ou murs effondrés, bâtiments fragilisés de manière parfois irréversible ont contraint 250 familles à trouver un hébergement d’urgence, parfois une simple caravane, grâce à la solidarité familiale ou communale. À Benon, l’école a dû fermer et le maire a organisé l’accueil des élèves dans des préfabriqués.

Les ministres Christophe Béchu et Olivier Klein, en visite trois jours après le séisme, n’ont proposé qu’une aide au logement d’urgence… que les sinistrés avaient bien dû trouver sans les attendre. Mais rien pour payer les travaux en attendant la prise en charge par les assurances, ni pour payer la franchise d’assurance (380 euros). Silence aussi sur les travaux entièrement à la charge des propriétaires sans assurance habitation, souvent les plus pauvres.

Rien n’est prévu non plus pour indemniser ceux que le séisme prive d’emploi, tel un petit agriculteur du village de La Laigne qui témoigne dans Sud-Ouest, sa ferme, comme sa maison, étant hors d’usage.

Tout cela n’a rien pour étonner. Les habitants de la région ont encore le souvenir du raz-de-marée Xynthia de 2010 : 53 habitants y trouvèrent la mort, et les survivants durent attendre des mois les indemnisations promises, souvent bien inférieures au coût de leur relogement. Par la suite, des digues furent construites pour protéger les terrains les plus chers, sur l’île de Ré par exemple, ceux de faible valeur étant classés en zone noire et leurs habitants expropriés.

Les habitants craignent à juste titre d’autres séismes. Le département, situé sur une ancienne faille, a connu depuis 2001 douze secousses de magnitude supérieure à 3,5, et supérieure à 5 pour trois d’entre eux. Les risques dans d’autres régions, comme les Pyrénées ou les Alpes, sont plus grands encore.

Ce séisme est aussi l’occasion de rappeler que les règles de construction parasismique, définies dans un arrêté de 2010, privilégient « les bâtiments dont la protection est primordiale pour les besoins de la sécurité civile et de la défense nationale ainsi que pour le maintien de l’ordre public », classés en catégorie IV : les normes qui leur sont appliquées sont plus strictes que celles qui concernent les habitations et les établissements scolaires ou sanitaires, classés en catégories II et III. Dans les priorités définies par l’État de la bourgeoisie, les casernes passent avant les écoles. Quant aux habitations, celles des plus riches sont en général plus résistantes que celles des travailleurs contraints de construire au prix le plus juste, quelles que soient les normes sismiques.

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