Nos lecteurs écrivent Une misère insupportable10/05/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/05/P6_Courrier_lecteurs_COULEUR_Lupo.png.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.png

Leur société

Nos lecteurs écrivent Une misère insupportable

Illustration - Nos lecteurs écrivent Une misère insupportable

Chers camarades,

Je vous écris ces quelques lignes pour vous parler de ma journée du 13 avril. Je participais à une distribution au Resto du cœur dans une commune rurale proche de Charleville-­Mézières. J’avais besoin de prêter main-forte à celle qu’ils m’avaient tendue quand j’étais dans le besoin.

C’était la reprise de la distribution d’été, il y avait eu une suspension d’un mois pour reconstituer les stocks. On s’attendait à voir du monde car un mois sans distribution, c’est long. On a eu 80 nouvelles inscriptions, des familles qu’on ne connaissait pas, venant de différents bourgs alentour, un véritable raz-de-marée. À 9 heures, une heure avant l’ouverture des portes, 70 à 80 personnes attendaient déjà devant la salle. 110 familles étaient inscrites ce jour-là, ce qui représente une augmentation de 50 % par rapport à l’année précédente. Pour les nouveaux venus, ce furent deux heures et demie d’inscription avant de recevoir leur colis. Des jeunes couples avec enfant en bas âge, des mères seules, beaucoup de veuves qui touchent une pension de réversion et de retraités.

Beaucoup ne se sont pas du tout chauffés cet hiver à cause de l’augmentation du fuel, certains sont locataires de logements insalubres, pas isolés et dont les propriétaires ne font que ramasser les loyers sans la moindre intention de faire les travaux nécessaires ! On touche la misère du bout des doigts. Voir autant d’enfants jouer, cela devrait apporter de la joie mais les voir le faire devant cette permanence fait mal. Cela devient difficile de faire part égale pour tout le monde, quand la faim est là, on commence à voir des gens s’énerver pour garder leur place, se disputer des portions de viande ou un paquet de pâtes.

Cela fait des mois qu’on se mobilise contre le fait de nous piquer deux ans de notre vie, il faudrait continuer sur l’inflation, sur le chômage, les salaires et les pensions trop bas. C’est insupportable de vivre dans ce système où on finit par considérer que la misère et la faim, c’est normal. Vivement la révolution !

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