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Éthiopie : or et sang
L’ONG Human Rights Watch (HRW) dénonce la réouverture de la mine d’or de Lega Dembi, en Éthiopie, malgré la grave pollution qu’elle génère. Exploitée depuis 1997 par l’entreprise saoudienne Midroc, cette mine a fourni de l’or au raffineur suisse Argor-Heraeus de 2013 à 2018.
La mine de Lega Dembi est connue pour sa haute toxicité. Alertés par le nombre anormalement élevé de fausses couches, d’enfants morts-nés ou de malformations congénitales affectant les riverains, des scientifiques ont établi que les eaux et sols en aval de la mine contiennent du mercure, du chrome, du nickel, du cyanure et de l’arsenic, en quantités extrêmement élevées. Par exemple, la teneur de l’eau en mercure y est 37 fois supérieure à la norme.
En 2018, des manifestations, violemment réprimées, ont contraint le gouvernement éthiopien à suspendre la licence qu’il venait de renouveler, pour dix ans, à Midroc. Mais HRW a découvert que la mine a été rouverte en mars 2021, en toute discrétion, sans qu’aucune mesure ait été prise pour diminuer la pollution, pour en protéger les riverains, ou pour indemniser les victimes. Quant au raffineur Argor, qui s’est fourni en or auprès de cette mine pendant cinq ans, non seulement il n’a pas été inquiété, mais il reçoit régulièrement des certifications d’approvisionnement dit responsable de la part du Conseil pour les pratiques responsables en bijouterie et de l’Association des professionnels du marché des métaux précieux de Londres.
Des capitalistes pollueurs et criminels, qui s’enrichissent au mépris de la santé de la population, avec la complicité active de l’État éthiopien et la bénédiction des prétendus organes de contrôle : un condensé de la toxicité du capitalisme.