APLD : des patrons sous perfusion23/03/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/03/2851.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

APLD : des patrons sous perfusion

Le dispositif de l’activité partielle longue durée (APLD), créé par l’État en juillet 2020, au moment du Covid, pour « soutenir les entreprises confrontées à une réduction d’activité durable », permet aujourd’hui à de grands groupes industriels de faire payer par l’État les conséquences du chaos de l’économie, aggravées par la guerre en Ukraine.

Invoquant les difficultés d’approvisionnement en pièces ou matières premières, la flambée du prix de l’énergie, l’augmentation des coûts de production, des industriels font le choix de mettre à l’arrêt, temporairement ou définitivement, certaines de leurs installations. Ainsi le groupe Duralex a arrêté sa verrerie du Loiret à partir de septembre, au minimum pour la durée de l’hiver. Des industriels dans la chimie, la plasturgie et la métallurgie ont réduit leur production.

Sous prétexte d’éviter des licenciements, le dispositif de l’APLD permet à ces capitalistes de se faire rembourser 60 % du salaire brut des travailleurs placés en chômage partiel par l’État et l’Unedic. L’APLD est plus souple d’utilisation et plus avantageuse pour les patrons que le système classique du chômage partiel. Ainsi, pendant 36 mois, un employeur peut mettre au chômage ses salariés en CDI, en CDD ou en apprentissage. Cela peut être pendant 40 % de leur temps de travail, fractionnable par périodes à la convenance du patron, quelques jours ou plusieurs semaines. Cela peut concerner un atelier, un service entier, ou seulement quelques travailleurs d’un service, selon les aléas de la production, l’état des commandes ou les retards de livraisons. Un atelier peut recourir à des intérimaires pendant que les travailleurs d’un autre secteur sont au chômage. Prolongés plusieurs fois depuis 2020, les derniers accords signés étant valables jusqu’à la fin 2025, l’APLD est un dispositif en or pour les patrons.

Les travailleurs concernés, eux, subissent une perte de salaire puisqu’ils sont indemnisés à 70 % de leur salaire brut, soit autour de 92 % du net. Selon les accords, l’indemnité peut être supérieure. Ainsi chez Domo (ex-branche polyamide de Solvay), ils sont indemnisés à 78 % du brut, soit 98 % de leur salaire net. Mais ils subissent dans tous les cas une dégradation de leurs conditions de travail et de fortes pressions pour être flexibles et polyvalents. Chez Toray, un plasturgiste japonais installé dans l’Ain, les travailleurs placés en APLD sont susceptibles de revenir à l’usine après un préavis très court. D’autres sont sommés de choisir entre l’APLD (avec perte de salaire) ou leur mutation sur un autre poste. D’autres encore, dont les services ne sont ni en arrêt ni en sous-charge de travail, se voient imposer des jours d’APLD au nom de la solidarité, le seul objectif étant pour le patron de faire assumer par l’État une partie de la masse salariale.

Pour les industriels, dont certains sont riches à milliards, l’APLD est magique : l’État prend en charge à leur place les risques et les aléas de production en payant les salaires, tandis que les travailleurs sont soumis à toutes les pressions. C’est pour alimenter ainsi sans limite les caisses patronales que l’État réduit les indemnités des chômeurs et attaque les retraites.

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