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Leur société
Pantouflage : sans même traverser la rue !
Le 20 décembre, Jean Rottner a présenté sa démission de son poste de président LR du conseil régional du Grand Est, pour des « raisons familiales ».
Moins de dix jours plus tard, on apprenait que sa « raison familiale » était une embauche au poste de directeur de la future antenne Grand Est pour le promoteur immobilier Réalités !
De nombreux politiciens ont fait mine de s’insurger contre ce passage d’un poste d’élu à une entreprise privée. Christophe Choserot, un élu de la majorité présidentielle, a par exemple déclaré : « Rottner part avec une quantité de données territoriales importante… On était en pleine révision du Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires. Il sait exactement quelles vont être les modifications de ce schéma, quels sont les atouts et les difficultés des territoires, ce n’est pas rien. »
Les mêmes politiciens de la majorité n’ont pourtant rien trouvé à redire quand le ministre des Transports Djebbari a démissionné cette année de son poste pour se faire embaucher par la start-up Hopium, spécialisée dans la fabrication de voitures haut de gamme à hydrogène.
En réalité, ce qu’a fait Rottner est monnaie courante. Cette pratique porte même un nom : le pantouflage. Et elle est parfaitement légale, à condition que la Haute autorité pour la transparence de la vie publique estime qu’il n’y a pas de conflit d’intérêts entre les deux emplois. Autant dire qu’elle n’est pas particulièrement exigeante. Ainsi, dans le cas Rottner, elle a validé son choix en donnant comme avis : « Compatible avec réserve ».
Les liens entre les hommes du monde des affaires et ceux de l’État sont fusionnels. Ils sont du même milieu, se sont croisés dans leur jeunesse dans les mêmes grandes écoles et continuent à se fréquenter et à se marier entre eux. Ils constituent une seule et même grande famille, pour reprendre les mots de Rottner…