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Leur société
Hôpitaux saturés : la crise est devenue la norme
Cholet, Évreux, Rouen, Lille, Bourgoin-Jallieu, Troyes, région Grand Est, Île-de france... les signaux d’alarme lancés par les services hospitaliers se multiplient depuis mi-décembre, amenant le ministre de la Santé, François Braun, à reconnaître une fois de plus une situation « critique ».
Dans cette situation, il y a certes une hausse progressive de l’activité sous l’effet des épidémies hivernales de grippe et de bronchiolite, mais aussi de Covid, désormais bien entré dans le paysage sanitaire.
Mais ce qui met à nouveau en péril la situation des hôpitaux n’est pas une épidémie imprévue ou l’apparition d’un nouveau virus : c’est le manque de personnel, obligeant à des fermetures de lits qui finissent par engorger les Urgences, faute de place dans les autres services. Que les postes soient purement et simplement vacants ou qu’il s’agisse de soignants à qui des congés de fin d’année ont enfin été accordés, ce sont 15 à 20 % des lits qui ont ainsi été fermés par manque de personnel.
N’étant plus en mesure, comme au déclenchement de l’épidémie de Covid, d’invoquer le temps nécessaire à la formation des soignants, le ministre Braun s’est permis de les appeler à l’Union sacrée pour faire face aux épidémies hivernales. Après le fameux Ségur de la santé puis les Assises de la santé mentale, il promet des Assises de la pédiatrie au printemps, et une réforme de l’ensemble du système de santé dès janvier.
En attendant de voir se rééditer le cirque bien connu des Grands débats et des Grenelle, les plans blancs sont de retour, avec leur cortège d’opérations déprogrammées, de rappel des soignants retraités, de conditions de travail dégradées et de pertes de chances pour les malades.
L’attente aux Urgences s’allonge, atteignant parfois 12 à 15 heures comme au groupement hospitalier du Nord-Dauphiné. Les « patients brancards » s’accumulent, attendant parfois plusieurs jours entre leur prise en charge aux Urgences et leur transfert en service d’hospitalisation, augmentant le risque de décès.
Jeudi 22 décembre, le président du syndicat Samu-Urgences de France estimait ainsi à 17 les morts inattendues dans les services d’urgence depuis début décembre. Le nombre des victimes des économies sur les rémunérations des soignants et les moyens destinés à leur formation ne pourra que s’alourdir au fil des semaines.
Les travailleurs de la santé n’ont aucune raison d’accepter l’Union sacrée au nom de laquelle le ministre voudrait les faire taire.