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Leur société
Transports : les trains fantômes de Macron
Les abonnés à la chaîne Youtube de Macron auront pu voir, le 27 novembre, le président se déclarer « à fond pour le train ». Il ne faudrait pas en déduire que les trains, désormais, iront à fond.
C’est en effet un nouveau coup de communication que s’est offert le chef de l’État, en bras de chemise mais avec cravate, en annonçant son « super-objectif » : des trains urbains et même selon lui des RER dans dix métropoles régionales. Il aurait décidé d’agir pour résorber la thrombose qui caractérise la circulation quotidienne des habitants des grandes agglomérations.
Voilà donc un président proche des préoccupations de la population, est-on censé conclure à la lecture de la vidéo macronienne, et qui plus est sensible aux problèmes écologiques. En effet, il avoue une passion pour les transports collectifs, en tant que petit-fils de cheminot. Et qui pourrait se déclarer opposé ? Les ministres, les sous-ministres, les présidents de région, toutes étiquettes confondues, tout le monde est d’accord.
Mais quand, où, comment, combien ? Une fois la poudre aux yeux retombée, restent les problèmes de délais et de financement. À voir la façon dont le pouvoir a tout récemment rejeté d’un revers de 49.3 l’amendement au projet de loi de finances proposant d’allouer une rallonge de trois milliards d’euros au ferroviaire, on peut attendre longtemps la concrétisation… et la prochaine rame de RER.
Car, comme le fait remarquer le quotidien de l’Association des maires de France, un new deal ferroviaire vient d’être une fois de plus demandé par les présidents de régions, lequel nécessiterait un budget de cent milliards d’euros sur dix ans. Or qui va apporter l’argent qui manque depuis plusieurs décennies pour les transports en commun ? On comprend l’inquiétude des élus locaux qui voient fondre les subventions et croître les factures.
Quant à rêver de multiplier les RER sur le modèle de la région parisienne, il faut pour y parvenir n’avoir pas passé des heures entassé dans des rames bondées, ou de longs moments à scruter les écrans affichant des retards ou des trains supprimés par manque de personnel. Si Macron parvient à séduire quelques abonnés à sa chaîne Youtube, ils ne seront pas parmi les millions de voyageurs quotidiens harassés, et encore moins parmi les salariés de la RATP ou des différentes filiales de la SNCF, tous en sous-effectif et soumis à des conditions de travail dégradées.
Il faut bien sûr enfin des RER fréquents, ponctuels, confortables, dans toutes les grandes agglomérations, à commencer par rendre vivables les cinq RER franciliens. Mais il faut surtout les milliards nécessaires pour embaucher massivement, fournir le matériel et l’entretenir convenablement, tout au contraire de la situation actuelle.