Lors d’une rencontre organisée par la CGT, des salariés de cette filiale sont venus témoigner de leurs conditions de travail auprès des agents SNCF.

Les directeurs de Transkeo viennent pour la plupart de la SNCF. Ils ont négocié leurs conditions de travail et de salaire. Malgré leur contrat Transkeo, ils gardent leurs primes, et certains sont même simplement détachés. Ils conservent bien sûr les « facilités de circulation », c’est-à-dire les réductions sur les billets de train SNCF. Les agents de Transkeo, eux, n’ont rien de tout cela, ni prime, ni facilité de circulation ; ils doivent même payer pour emprunter la ligne sur laquelle ils travaillent !

Les agents de conduite n’ont que six semaines de formation, au lieu d’un an pour un conducteur SNCF, et une paie bien plus basse. Les annonces de recrutement parlent de 1 200 à 1 500 euros net. Il y a moins de primes qu’à la SNCF, les heures supplémentaires sont mises de côté et payées à la fin du semestre seulement si le décompte sur six mois est positif, et ils ont de nombreuses tâches à faire en plus de la conduite. Pour les agents sédentaires, appelés superviseurs, c’est aussi la polyvalence à outrance. Il faut gérer les équipes, remplacer les absents même à la conduite, renseigner les voyageurs, faire les annonces en station, etc. Même Prévert ne s’y retrouverait pas !

La mise en place de ces filiales par la SNCF montre bien dans quelle direction le patronat du secteur veut aller. Il espère créer sur ce modèle d’autres lignes (le T12 est en construction) avec la même polyvalence et les mêmes bas salaires. La SNCF est à la manœuvre dans cette histoire : elle a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne se positionnera pas pour les appels d’offres lors de l’ouverture à la concurrence en 2024, mais passera par des filiales du type Transkeo.

Les salariés du T13 n’ont pas mis longtemps à comprendre que leur intérêt était de s’organiser pour se défendre. Les échanges entre travailleurs sont non seulement utiles pour constater les différences de traitement mais, plus encore, pour nouer les liens indispensables pour les luttes de demain.