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Leur société
Macron et McKinsey : l’argent jeté aux cabinets
Le Parquet national financier (PNF) a confirmé qu’il a ouvert depuis octobre deux enquêtes sur l’intervention du cabinet McKinsey dans les campagnes électorales de 2017 et 2022 d’Emmanuel Macron. Une nouvelle saga judiciaire concernant un président de la République en exercice est peut-être en train de s’ouvrir.
Le PNF s’interroge sur le fait que l’intervention de salariés du cabinet de conseil Mc Kinsey dans les deux campagnes du président n’ait laissé aucune trace comptable. Le deuxième volet de l’enquête porte sur un éventuel favoritisme dans l’attribution de contrats publics à McKinsey une fois Macron élu en 2017. Selon les calculs du quotidien Le Monde, McKinsey a conseillé une quarantaine de projets du gouvernement ou de diverses officines de l’État sur la seule période 2018-2021, pour une somme comprise entre 28 et 50 millions. McKinsey a encaissé 12 millions d’euros pour la campagne de vaccination contre le Covid-19, des centaines de milliers d’euros pour ses « pistes de réflexion » sur la réforme des APL, l’avenir du métier d’enseignant, la réforme des retraites, etc. Enfin, cerise sur le gâteau si l’on peut dire, McKinsey est soupçonné d’avoir créé un montage fiscal qui lui a permis de ne verser en France aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.
Le fumet que dégagent le cabinet McKinsey et ses liens avec l’État et les gouvernements Macron est effectivement peu ragoûtant. Mais, ce cabinet n’est que la partie émergée de l’iceberg des cabinets de conseil privés et de leurs sous-traitants payés avec l’argent public pour « réfléchir » aux économies à faire sur le dos de la population. Ainsi, une enquête sénatoriale a révélé qu’en 2021 un milliard d’euros leur avait été distribué par l’État, une somme qui explose depuis 2018. Cette manne se déverse sans aucun contrôle, en toute opacité, et elle laisse deviner tout un écheveau de copinages et de retours d’ascenseur aux dépens de l’argent public.
Plus profondément, même si sous Macron le recours aux cabinets privés a pris un envol dénoncé par ses adversaires ou concurrents pour des raisons politiciennes, le lien permanent, étroit, entre l’État et le privé n’a rien de nouveau. Il est illustré par le passage de hauts fonctionnaires de l’un à l’autre en permanence, certains passant des cabinets ministériels aux cabinets de conseil privés ou à la direction de grandes entreprises privées, et vice-versa, au gré de leur carrière.
Peut-être y aura-t-il une affaire McKinsey pour Macron, comme il y a eu l’affaire Bygmalion pour Sarkozy. Mais, quelle que soit l’issue judiciaire, la conclusion ne fait déjà aucun doute : quel que soit l’occupant de l’Élysée, l’État choie les grosses entreprises privées en leur déversant des dizaines de milliards d’aides publiques en toute légalité.