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Dans les entreprises
Renault : une hydre à cinq têtes à laquelle les travailleurs ne doivent pas être soumis
Le 8 novembre, le directeur de Renault a dévoilé à la presse les grandes lignes du chambardement du groupe qui va être divisé en cinq branches nommées Ampere, Alpine, Mobilize, Horse, The Future Is NEUTRAL.
Autant dire que si les travailleurs de Renault avaient le sentiment d’avoir une seule direction, un seul responsable des conditions de travail et des salaires, ils en auront dorénavant au moins cinq. Cette division ne fait qu’augmenter leurs craintes pour l’avenir.
Aux fameux investisseurs qui devaient être les vedettes de cette journée du 8 novembre, la direction offre autant de branches pour parier sur les dividendes que chacune peut rapporter. Et si ce n’est pas le cas, il sera plus facile de couper une branche que de couper l’arbre nommé Renault.
Dans l’annonce faite par la direction de Renault, il y a tant de mariages qu’il est difficile de savoir qui se marie avec qui, au point qu’un journal écrit que « le marché se demande si cinq Renault valent mieux qu’un ». Le nombre de mariages possibles avec tel ou tel groupe donne presque le tournis. On peut citer le mariage dans le nouveau groupe Power-Horse, qui produira les voitures thermiques et hybrides, avec le trust automobile chinois Geely qui réalise un chiffre d’affaires de 51,3 milliards d’euros. Cette nouvelle entité regroupera environ 19 000 employés répartis sur trois continents.
Le journal Les Échos a bien souligné le but : « Renault vise une marge opérationnelle supérieure à 8 % en 2025 et à 10 % en 2030, avec un free cash-flow supérieur à 2 milliards d’euros par an en moyenne sur la période 2023-2025. Le groupe vise la distribution d’un dividende dès l’an prochain à ses actionnaires et s’engage à ce que le taux de distribution augmente “progressivement et de façon disciplinée”, jusqu’à 35 % du résultat net du groupe. »
Dans l’art de la division chacune des branches aura un contenu différent. Par exemple, Ampere, qui devrait devenir le fleuron de Renault dédié entièrement aux voitures électriques, se divise en au moins trois ou quatre branches : Ampere SAS, Ampere Electricity SAS, Ampere Cléon SAS, Ampere Software et Systèmes SAS.
Dans chaque établissement, Cléon, Lardy, Guyancourt, le nombre de salariés qui seront transférés dans chacune des trois branches diffère. Par exemple, à l’usine de Cléon qui compte 3 142 travailleurs, seuls 2 764 d’entre eux rejoindraient Ampere Cléon SAS, 263 resteraient Renault SAS, 101 iraient chez Ampere SAS, 15 seraient transférés chez Ampere Software. À l’usine de Lardy, sur les 823 travailleurs, seulement 653 rejoindraient Ampere. Pour le Technocentre et à Aubevoye, seule une partie des travailleurs feraient de même. Enfin, sous l’en-tête « The Future Is NEUTRAL », on trouverait une partie de l’usine de Flins, sans plus de précision.
Du côté des syndicats, le secrétaire de la Coordination CGT s’est borné à dire que « cette séparation manque de cohérence, nuirait à l’efficacité industrielle », en ajoutant : « Quant aux bureaux d’études à l’étranger, ils ne sont pas matures pour étudier les futures motorisations. » Pour le porte-parole de la CFDT : « Il y a une réalité chez Renault : nous manquons cruellement de cash même si nous avons de très bonnes idées. » Et pour la CFE-CGC : « Il est important que chaque salarié trouve sa place dans l’entreprise. »
Pour les travailleurs, la question est celle de leur emploi et de leur salaire car dans cette aventure de la direction, il n’y a de place que pour les dividendes, que pour la valeur, comme se plaît à le dire le Directeur général de Renault. Or à les entendre et à les lire, la direction de Renault peut compter sur les directions des syndicats pour avaler la pilule et tenter de la faire avaler aux travailleurs. Mais il est certain que nombre de militants, de travailleurs estiment que toutes ces manœuvres peuvent menacer leur salaire, leurs conditions de travail et leur emploi. Et il faut compter sur leur prise de conscience pour que le vent de la contestation se lève.