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Leur société
Lycées professionnels : élèves livrés au patronat
Macron a annoncé une nouvelle réforme du lycée professionnel, qui consiste à augmenter de 50 % le temps passé en entreprise. Cette période a déjà été augmentée dans les réformes précédentes et peut monter jusqu’à 22 semaines sur les 36 de l’année scolaire, selon la formation et le niveau.
Le leitmotiv depuis des années consiste à dire qu’il est nécessaire de rapprocher le lycée professionnel de l’entreprise, en l’adaptant aux besoins des employeurs. Sur ce terrain, bien évidemment, ministres et représentants patronaux ne cessent de répéter que l’Éducation nationale n’est pas efficace et ils lui opposent un prétendu succès de l’apprentissage.
Cette réforme va dans le même sens que toutes celles qui ont été lancées par les ministres de l’Éducation nationale depuis les années 2000, à savoir réduire les enseignements généraux et la théorie professionnelle. Ainsi, elle prévoit que la formation comprendra moins de mathématiques, d’histoire et de français, moins de cours sur la législation, sur la sécurité au travail, moins de connaissances théoriques sur les métiers.
Le gouvernement prévoit d’augmenter la durée des stages, mais encore faut-il que les élèves en trouvent un, beaucoup d’entreprises refusant de prendre des stagiaires. D’ailleurs, dans certaines formations, la législation demande un âge minimum pour travailler, et certains élèves sont trop jeunes pour pouvoir être envoyés en stage. Quant à l’argument consistant à dire que le stage garantit une meilleure formation, ce n’est pas l’expérience vécue par nombre d’élèves, qui se retrouvent cantonnés à des tâches subalternes, sans que les tuteurs censés les former aient le temps pour le faire.
Pour séduire les jeunes, le gouvernement annonce une rémunération des stages à hauteur de 500 euros, versés par l’État. Trouvera-t-il le budget pour financer une telle mesure au profit des 650 000 jeunes scolarisés en lycée professionnel ? Rien n’est moins sûr. Par contre, il est certain que les jeunes ne peuvent que pâtir d’une telle dégradation de leur formation et se retrouver en moins bonne position s’ils veulent poursuivre leurs études ou changer de métier au cours de leur vie.
L’État cherche aussi à faire des économies, et cela aura aussi des conséquences pour le personnel, avec de très nombreuses suppressions de postes et une dégradation importante des conditions de travail. Un appel à la grève est lancé par tous les syndicats le 18 octobre. Il est de l’intérêt aussi bien des enseignants que des élèves de s’opposer à cette réforme.