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Leur société
Profits et superprofits : taxation ou confiscation ?
Alors que la cherté de la vie frappe chaque jour plus durement les classes populaires, les profits des grands groupes capitalistes explosent.
Champions d’Europe du versement de dividendes aux actionnaires, les 40 premiers groupes français ont réalisé 160 milliards d’euros de bénéfices en 2021.
Chaque semaine un record est battu. Avec 14 milliards d’euros, TotalEnergies avait annoncé le plus gros bénéfice annuel jamais réalisé par une entreprise française. La compagnie de fret maritime CMA-CGM vient de surpasser le pétrolier avec plus de 17 milliards d’euros de profits.
On ne peut qu’être choqué par cette débauche de richesses accumulées à un pôle de la société alors que l’on ne cesse de demander des sacrifices à l’autre. Pour sembler en résonance avec ce sentiment, nombre de partis, de la gauche à l’extrême droite, mettent donc maintenant en avant une « taxation des superprofits ».
L’expression est celle de LFI et, sur proposition du PS, la Nupes souhaite demander l’organisation d’un « référendum d’initiative partagée » sur le sujet. Le RN quant à lui a aussi tiré sur la même ficelle en déposant un amendement sur la taxation des « bénéfices anormaux ».
Même Élisabeth Borne, la Première ministre, avait déclaré en août dernier « ne pas écarter cette possibilité ». D’ailleurs, Macron lui-même, n’ayant aucune raison de laisser le monopole de la diversion à d’autres, vient d’annoncer son souhait d’un « mécanisme de contribution européenne qui serait demandée aux opérateurs énergétiques ».
En matière de taxe comme ailleurs, il y a deux poids deux mesures. Quand une taxe est imposée aux travailleurs, comme la TVA ou la TIPP ou des impôts, on peut faire confiance aux services de l’État pour en récupérer chaque centime, grâce au concours de ses huissiers, de ses tribunaux voire de ses prisons. Quant une taxe est censée frapper la bourgeoisie, tout, dans sa conception comme dans les institutions, fiscales, judiciaires ou policières chargées de l’appliquer, la rendent inefficace. Total ne paye par exemple pas un centime d’impôt sur les sociétés en France par le biais de l’optimisation fiscale, un jeu d’enfant pour la plupart des multinationales du CAC 40, avec la complicité totale des gouvernements et des hauts fonctionnaires.
Ainsi, attendre qu’un gouvernement – celui-là ou un autre – veuille bien taxer les profits, voire les superprofits, revient à faire patienter les travailleurs en laissant les mains libres au capital.
La véritable question est que, dans la richesse créée, la part qui revient aux travailleurs ne cesse de reculer au bénéfice du grand patronat. C’est le résultat de la guerre de classe que la bourgeoisie mène avec la complicité des gouvernements. Face à cet appauvrissement continu, la seule garantie serait que les travailleurs contrattaquent et défendent leurs salaires, sans attendre la très hypothétique bonne volonté d’un gouvernement, d’une majorité ou d’un sauveur suprême.
Quant aux profits, super ou non, la question n’est pas de les taxer, mais de les confisquer au bénéfice de la collectivité.