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Leur société
Variole du singe : toujours le virus du profit
La nouvelle épidémie dite de variole du singe rappelle des choses déjà entendues à propos du Covid. Elle témoigne, à sa mesure, de l’absurdité du capitalisme.
La variole, celle des humains, est une maladie infectieuse virale que l’humanité connaît depuis l’Antiquité. Avec un taux de mortalité de près de 30 %, les scientifiques estiment qu’elle a tué des centaines de millions de personnes. C’est ainsi qu’au 16e siècle, quand les conquistadors débarquèrent en Amérique, la variole, certes associée à la suprématie des armes des mercenaires espagnols, entraîna la disparition de la quasi-totalité des peuples amérindiens.
Aujourd’hui, il n’y a plus de cas de variole dans le monde, le dernier a été signalé en 1977 en Somalie. La variole a été éradiquée en 1980, effacée de la planète par la science, par des campagnes de vaccination systématique à l’échelle mondiale.
La découverte du virus de la variole du singe est récente. Ce virus a été isolé en 1958 chez des macaques d’où le nom qui a été donné à la maladie, mais des rongeurs et autres petits mammifères sont aussi porteurs du virus. Quant aux premiers cas humains, ils ont été décrits en 1970 en République démocratique du Congo. Le virus aurait été transmis à l’homme par des rongeurs ou des primates infectés, puis la transmission s’est opérée de personne à personne par des gouttelettes respiratoires, des lésions cutanées, du linge contaminé. D’Afrique de l’Ouest et Centrale, la maladie a ensuite été importée aux États-Unis et en Europe.
Le virus de la variole du singe n’est pas le même que celui de la variole humaine, mais ils sont proches, appartiennent à la même famille. Ils provoquent le même type de symptômes et d’éruption cutanée, mais sans commune mesure de gravité. Dans la majorité des cas, la variole du singe est une maladie bénigne.
Depuis le mois de mai 2022, la contamination inter- humaine s’est développée en Europe, en Amérique du Nord, en Australie. Si dans la majorité des cas l’infection guérit spontanément, des cas graves peuvent survenir. L’inquiétude grandit dans les populations à risque, concernées par le mode de transmission. À ce jour, 35 000 cas et douze décès ont été comptés dans le monde.
Fin juillet, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a donc déclaré la variole du singe « urgence de santé publique mondiale » appelant à « un accès équitable aux vaccins pour tous les individus et toutes les communautés, dans toutes les régions du monde ». On entend ici un couplet déjà connu : la disponibilité des vaccins.
Sauf que là, il n’est pas besoin d’inventer un vaccin, il existe : c’est celui qui a permis l’éradication de la variole. Étant donné la proximité des deux virus, il offre une protection efficace à 85 % contre la variole du singe. On apprend alors que des stocks de vaccins antivarioliques existent de par le monde. Combien ? « Secret défense », répondent les autorités car la variole, dont le virus a été conservé en laboratoire de haute surveillance, est une arme bactériologique !
C’est ainsi que, après les attentats du 11 septembre 2001, craignant une attaque, les États-Unis ont prévu de vacciner la population contre la variole. Les anciens vaccins présentant des effets secondaires, ils ont financé la mise au point d’un nouveau, mieux toléré. Un petit laboratoire danois, Bavarian Nordic, a remporté le marché. À partir de 2003, il aurait livré des dizaines de millions de doses mais qui, n’ayant finalement pas été utilisées, sont aujourd’huipérimées ! Quoi qu’il en soit, Bavarian Nordic est aujourd’hui l’unique fabricant du nouveau vaccin, baptisé Jymneos aux États-Unis et Imvanex en Europe, le seul autorisé pour la vaccination contre la variole du singe.
Et l’histoire radote : la course aux doses de vaccin est lancée, les pays les plus riches sont les mieux placés, les plus pauvres devront attendre. Mais la courbe du cours en Bourse de Biovarian Nordic n’en peut plus de grimper.