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Leur société
Pédopsychiatrie : des choix criminels
Dans une interview à France-Inter, Marie-Rose Moro, spécialiste de l’hôpital Cochin, a dénoncé l’état de la pédopsychiatrie en France.
Avant la pandémie, le nombre de jeunes dont la santé mentale était atteinte représentait de 8 à 10 % d’une classe d’âge. La crise sanitaire et les confinements ont encore aggravé la situation et les structures en place, déjà insuffisantes, ont été débordées. Ainsi, à l’hôpital Robert-Debré, l’activité a doublé, voire triplé certains jours, les patients arrivant dans le service étant de plus en plus jeunes.
Depuis la fin de la crise sanitaire, le nombre de passages aux Urgences pour un trouble mental, accompagné ou non d’un geste ou d’une idée suicidaire, n’est pas retombé. La pandémie et les confinements, la guerre, la crise climatique, les inquiétudes sur l’avenir plongent dans l’angoisse une partie de la jeunesse.
La réponse hospitalière n’est pas plus à la hauteur que pendant la crise sanitaire et ne permet pas d’évaluer et de suivre précisément chaque jeune suicidaire. Il faudrait des lits, du temps et des professionnels en nombre suffisant pour les suivre individuellement et prévenir le risque d’un nouveau passage à l’acte. Au lieu de cela, les jeunes sont renvoyés chez eux, ou dans les services psychiatriques pour adultes qui ne sont pas adaptés. Les centres médicaux psychologiques de ville sont eux aussi débordés et il faut des mois pour avoir un rendez-vous.
La santé des jeunes qui ne sont pas suivis correctement ne peut que se détériorer. La situation de la pédopsychiatrie est connue de tous, des responsables des structures hospitalières au gouvernement. Les économies qu’ils font sur ces services, comme sur tant d’autres, sont criminelles. À l’image de la société qu’ils défendent et qui, pour des raisons budgétaires, sacrifie toute une partie de la jeunesse.