Face à la flambée des prix et au vu de leurs bas salaires, ils demandaient 150 euros d’augmentation et la prise en compte de la pénibilité de leur travail. Au bout de quatre jours, la direction, jamais avare de mépris, a proposé 50 euros brut. Elle avait pourtant su trouver 10 000 euros par jour pour essayer de faire flancher les grévistes en recourant à une société privée.

Cette attitude a, au contraire, renforcé la détermination. La grève a permis de surmonter des divisions entre collègues du ramassage des ordures et cette solidarité retrouvée s’est étendue aux autres services, les agents de l’eau et des ports ont rejoint la grève au 7e jour. Tous ont les mêmes problèmes et tenaient à montrer leur solidarité. Les grévistes étaient alors nombreux sur le piquet, près de 80 le dernier jour, et le moral s’est renforcé : « pour la première fois on voit des collègues sourire » et « on apprend enfin à se connaître » entendait-on. À l’extérieur, la grève a suscité la sympathie des travailleurs de la région. À la porte de plusieurs entreprises d’Annecy ou de Chambéry, bon nombre disaient qu’il faudrait faire de même face à l’inflation.

Les grévistes ont réussi à imposer des délégués choisis pour mener les négociations. Après neuf jours de lutte, ils ont fait plier la direction et obtenu 100 euros d’augmentation pour tous les métiers désormais reconnus pénibles, et 30 euros pour l’ensemble des agents de l’agglomération. Par ailleurs, les contrats des CDD seront désormais renouvelés pour six mois et non chaque mois comme jusqu’alors. À cette victoire s’ajoute la satisfaction d’avoir relevé la tête face à la hiérarchie et à des élus méprisants.

Au soir de l’annonce du recul de la présidence de la communauté d’agglomération, un rassemblement de soutien était organisé. On y discutait sec du planning des prochains jours et de l’organisation des tournées de ramassage pour la reprise du travail. Avec la grève, les travailleurs ont en effet commencé à décider par eux-mêmes et à défendre leurs intérêts ensemble, une chose qu’ils ne sont pas prêts d’oublier.