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- Lutte ouvrière n°2808
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Agents territoriaux de Tours-Métropole : les grévistes arrachent une augmentation
La Métropole de Tours emploie environ 2 000 salariés dans 22 communes, dont la principale est Tours. Les secteurs ouvriers tels que la collecte des ordures, la propreté urbaine, les égoutiers, etc., ont été ainsi mutualisés.
Massive chez les éboueurs et les agents de la propreté urbaine, la grève est partie le 5 mai à propos de la loi de 2019 qui impose aux collectivités territoriales le passage à 1 607 heures travaillées par an. Sa mise en œuvre devait prendre la forme d’une suppression des jours d’ancienneté, jusqu’à cinq jours pour les plus anciens. Il y a quatre ans, sous prétexte d’harmonisation entre les travailleurs venant de différentes municipalités, la métropole avait déjà essayé de les supprimer. Après une grève de plusieurs jours, les travailleurs avaient conservé leurs congés, mais n’avaient pas réussi à arracher ce droit pour les nouveaux embauchés. Cette année, les travailleurs de la Métropole ont répondu à cette nouvelle attaque en revendiquant le maintien des jours d’ancienneté, mais aussi une augmentation mensuelle de 300 euros, plus une prime annuelle de 1 500 euros, sorte de treizième mois.
La direction de la Métropole a d’abord joué la fermeté puis, en fin de semaine, son président proposait à une délégation de grévistes une augmentation de 150 euros, avant de baisser sa proposition à 120, et lundi 16, à plus rien du tout ! Cette attitude méprisante recevait une réponse méritée de la part de l’assemblée des grévistes : on allait se remobiliser sérieusement pour le lendemain. La venue annoncée de FR3 offrait ce jour-là une occasion d’interpeller la direction.
Mardi 17 mai, le dépôt de Tours-Nord de la Collecte était donc en grève à 100 %. Les grévistes décidaient d’aller faire le tour des autres dépôts. À celui de Tours-Sud, ils convainquaient de se remettre en grève des travailleurs déjà en tenue de travail, qui allaient se changer sous les applaudissements de leurs camarades. Tous se sont ensuite retrouvés au dépôt de Tours-Centre, rejoints par des agents des parcs et jardins et des déchetteries. Un comité de grève composé de 21 agents de différents services était élu par l’assemblée générale et désigné et acclamé par l’assemblée comme le seul représentant des grévistes – avec le soutien de la CGT et de FO, syndicats parties prenantes de la grève – pour les négociations avec la direction.
À 15 heures, la direction rencontrait le comité de grève. Au bout de 30 minutes, trois membres du comité sortaient pour rendre compte des propositions : 120 euros net mensuels, la prime annuelle serait discutée en 2023. Cela ne convenait pas aux grévistes, qui ajoutaient à leurs revendications le paiement d’une partie des jours de grève. Un quart d’heure plus tard, on apprenait que le retrait des jours de grève serait étalé à raison d’un jour par mois et la discussion s’engageait, parfois très vive. Pour certains, ce n’était pas assez, pour d’autres, avoir arraché 120 euros par la grève n’était pas rien, d’autant que les 120 euros étaient étendus aux salariés à statut privé et aux apprentis. Sans surprise, c’est la décision de prendre les 120 euros net qui l’a emporté, les grévistes étant heureux d’avoir fait céder en partie la direction. Leur ténacité et l’organisation démocratique de la grève leur ont permis de l’emporter face à son mépris et sa duplicité.
Le mouvement des travailleurs de la Métropole, la détermination et l’organisation des grévistes ont donné du tonus aux mouvements simultanés de la mairie de Tours et du conseil départemental, qui continuent l’un et l’autre pour des augmentations de salaire, mais aussi pour des embauches et la suppression de l’annualisation du temps de travail en ce qui concerne ces derniers. Ils ont d’ores et déjà obtenu une augmentation mensuelle de 100 euros net à compter du 1er juillet pour les catégories B et C. La lutte continue, et il semble bien qu’elle soit contagieuse !