Qu’importe le programme pourvu qu’on ait le siège04/05/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/05/P3-2_Meilleur_a_gauche_OK_LUPOjpg.jpg.420x236_q85_box-0%2C306%2C800%2C757_crop_detail.jpg

Leur société

Qu’importe le programme pourvu qu’on ait le siège

« Paris vaut bien une messe », aurait proclamé Henri IV pour justifier sa conversion au catholicisme afin d’accéder au trône.

Illustration - Qu’importe le programme pourvu qu’on ait le siège

Plus modestement, nombre de politiciens de gauche sont convaincus qu’un siège de député vaut bien n’importe quel programme. Celui-ci ne sert en effet que d’alibi dans le partage des circonscriptions entre les principaux partis de gauche.

Chacun croit sans doute encore moins en ses chances d’appliquer ce programme qu’Henri IV ne croyait au pouvoir des indulgences papales. En tout cas, les mêmes qui faisaient semblant de s’écharper sur les mesures à prendre il y a encore un mois, sur la retraite, le nucléaire, ou l’Europe, se sont miraculeusement mis d’accord en quelques jours sur un « socle de programme commun » et se sont congratulés à la manifestation du 1er Mai. Preuve qu’il n’y a que la foi électorale qui sauve ce monde-là.

À vrai dire, le programme de cette union de la gauche, improvisée après la déroute électorale de trois de ses composantes à la présidentielle, est tellement flou et indigent, qu’une victoire, même improbable, de cette Union populaire écologiste et sociale n’aurait pas beaucoup de promesses à trahir.

Concernant le volet social, il précise : « Nous défendrons notamment la hausse du smic à 1 400 euros, le retour à la retraite à 60 ans pour toutes et tous, la garantie d’autonomie pour les jeunes, le blocage des prix sur les produits de première nécessité et l’éradication de la pauvreté. »

La retraite à 60 ans figure donc dans ce socle, mais sans mention de la durée de cotisation exigée. Or, depuis 2014, c’est justement la socialiste Marisol Touraine, ministre de Hollande, qui a imposé l’allongement de la durée de cotisation, à raison d’un trimestre tous les trois ans jusqu’en 2035, pour atteindre 43 ans ! Faudra-t-il avoir travaillé sans interruption depuis l’âge de 17 ans pour avoir droit à cette retraite à 60 ans ?

Que des représentants du PS ou des Verts se rallient à la retraite à 60 ans que Jadot et Hidalgo ont encore combattue à la présidentielle montre bien que ces promesses valent moins que le papier sur lequel elles ont été rédigées.

La hausse du smic net à 1 400 euros, qui figurait déjà dans le programme de Mélenchon, n’est guère plus ambitieuse : même si elle était appliquée immédiatement, ce qui n’est pas non plus précisé, cela ne représenterait que 7 % d’augmentation, alors que la hausse des prix annuelle est en passe d’atteindre ce niveau. Et surtout, qui oserait défendre qu’un travailleur, actif, chômeur ou retraité, peut aujourd’hui vivre dignement avec moins de 2 000 euros ?

Quant au prétendu « blocage des prix de première nécessité », il est une diversion, en partie déjà utilisée par le gouvernement, pour ne pas parler de la nécessaire augmentation des salaires, dans le public comme dans le privé et de leur indexation sur les prix.

Tout le reste n’est que phrases creuses, comme l’éradication de la pauvreté, la planification écologique, etc., car nulle part il n’est question de s’en prendre à la dictature des grands trusts sur la vie économique, ni même à leurs profits insensés.

Autant dire que si certains politiciens parviennent à être députés, leurs électeurs, eux, ont la garantie d’être une nouvelle fois dépités.

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