École Pasteur – Saint-Denis : six enseignants mutés de force13/04/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/04/P7-1_Ecole_Pasteur_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C74%2C800%2C524_crop_detail.jpg

Leur société

École Pasteur – Saint-Denis : six enseignants mutés de force

Vendredi 8 avril, plus de deux cents personnes, parents, enfants et enseignants, ont manifesté devant la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, scandant : « On veut garder nos enseignants ! ».

Illustration - six enseignants mutés de force

En effet, au retour des vacances de printemps, l’inspection académique a décidé de muter six enseignants de l’école élémentaire Pasteur, soi-disant pour nécessités de service et pour « retrouver la sérénité ». C’est en fait une sanction, destinée à faire baisser la tête à tous les enseignants combatifs, et la décision a provoqué la colère des parents, très remontés de voir leurs enfants privés du maître ou de la maîtresse auxquels ils sont attachés. La promesse du rectorat de nommer de nouveaux enseignants en mai est perçue comme une provocation, dans un département où les professeurs ne sont presque jamais remplacés.

Cette école, située dans un quartier très populaire, compte 300 enfants et 20 classes, soit 19 professeurs des écoles et un directeur. Les six enseignants menacés sont tous militants. Depuis quelques années, le gouvernement veut remettre en cause le fonctionnement collégial des écoles primaires et maternelles, où le directeur ou la directrice sont des collègues comme les autres. Ils sont déchargés parfois de la totalité ou d’une partie de leurs cours pour assurer des tâches administratives, mais ne sont en aucun cas les supérieurs hiérarchiques de leurs collègues.

Au contraire, dans cette école comme dans d’autres d’ailleurs, le rectorat envoie de nouveaux directeurs avec la mission de s’imposer comme des chefs, ce qui passe mal dans les équipes. À Pasteur, une nouvelle directrice a été nommée en septembre. Elle a pris de front les enseignants et tenté de monter les parents contre ces derniers. Cerise sur le gâteau, elle a donné en janvier une interview à un journal d’extrême droite, en révélant les noms et les téléphones d’enseignants de son école. L’article, qui égrène des inepties les plus crasses sur cette école « gangrénée par l’extrême gauche », va jusqu’à prétendre que le lobby LGBT interdit aux garçons de jouer au foot dans la cour. L’équipe avait réagi et demandé l’intervention du rectorat. La directrice s’est déclarée en arrêt maladie et l’inspection académique a diligenté une enquête administrative dont le résultat est cette mutation forcée des six enseignants.

En matière de répression contre des enseignants combatifs, le rectorat de Créteil n’en est pas à son coup d’essai. Au collège République de Bobigny, au lycée Angela-Davis de Saint-Denis, au lycée Jacques-Brel de Choisy-le-Roi, il a multiplié les sanctions, tentant de mettre au pas des enseignants jugés trop remuants. Cette attitude fait penser à ce qui se passe souvent à La Poste, à la SNCF ou dans bien des entreprises privées.

Cette nouvelle attaque ne passe pas. Les enseignants de Pasteur, en grève depuis le 8 avril, ont appelé l’ensemble de leurs collègues à les soutenir. Près de 300 personnes ont participé à la manifestation appelée le 12 avril et, si les mutations tombent, ils appelleront à une grève reconductible dès la rentrée après les vacances.

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