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la guerre en ukraine
Butcha : la guerre est un crime de masse
Les images du massacre de Butcha dans la banlieue de Kiev, abondamment diffusées par les médias, ont suscité une indignation et un sentiment d’horreur bien justifiés. Les gouvernements occidentaux s’en sont aussitôt emparés pour justifier la mise de la Russie au ban et renforcer leur posture de prétendus démocrates combattant le boucher Poutine.
Le massacre de plusieurs centaines de civils, femmes et hommes assassinés devant leurs portes, sur leur vélo, parfois ligotés ou enterrés dans des fosses communes, est révoltant. Il montre les atrocités dont est capable une armée occupant et assiégeant des zones habitées, se heurtant à l’hostilité d’une population qu’elle prétendait « libérer des nazis », arrêtée par une résistance plus grande que prévue et enragée d’être contrainte au repli. Quelles que soient les dénégations des dirigeants russes, et sans préjuger du niveau de commandement qui les a ordonnés, c’est bien leur armée qui semble responsable de ces assassinats. De Grozny en Tchétchénie à Alep en Syrie, l’ex-agent du KGB Poutine a largement montré qu’il pouvait imposer sa politique avec brutalité et mépris de la vie humaine, y compris aux Russes civils ou militaires.
Mais il faut une sacrée dose de cynisme aux dirigeants occidentaux pour se poser en colombes de la paix et réclamer la comparution de Poutine devant un tribunal international pour « crime de guerre ». Qu’est-ce pour eux qu’une guerre normale, respectant le prétendu « droit international » et où commence le « crime de guerre » ? Du Vietnam à l’Irak, de la Syrie à l’Afghanistan, toutes les guerres américaines se sont accompagnées de massacres de civils et d’atrocités sans nom. Quelques-uns ont choqué le monde : massacre de My Lai au Vietnam en 1968, tortures et viols dans la prison d’Abou Ghraïb, et assassinats de milliers de civils en Irak dans les années 2000. Combien de civils ont été tués dans les bombardements américains sur Belgrade, Bagdad, Tripoli, Mossoul ? Combien de civils palestiniens ont été tués dans les bombardements récurrents de l’armée israélienne sur la bande de Gaza ? Combien de civils, d’enfants et de vieillards, l’ont été lors du massacre de Sabra et Chatila en 1982 au Liban par les phalangistes chrétiens alliés à l’armée israélienne ? Et l’armée française n’est pas en reste. Les huit années de la guerre d’Algérie ont connu bien plus de représailles contre des villages algériens, de regroupements forcés dans des camps et de bombardements au napalm que de batailles rangées entre militaires. Au Rwanda, en 1994, l’armée française a soutenu jusqu’au bout les génocidaires hutus. Plus récemment, des militaires français ont violé en Centrafrique. D’autres, au Mali, ont tué des dizaines de civils en ouvrant le feu sur des véhicules, sur un mariage.
Voilà quelques épisodes glorieux des dirigeants occidentaux pour maintenir coûte que coûte leur ordre mondial tout en prétendant défendre la démocratie. Ces atrocités ne sont pas des bavures. Elles sont inhérentes à des guerres d’occupation, conduites par des soldats chauffés à blanc et poussés à tuer, sous les ordres d’officiers méprisant les populations. Si Poutine est bien un criminel, Biden, Macron, leurs prédécesseurs comme les grands bourgeois dont ils défendent les intérêts le sont au même titre.