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Leur société
Laboratoires Servier : une subvention qui a fait scandale
Le 23 mars, la presse a révélé que les laboratoires Servier allaient toucher une subvention de 800 000 euros dans le cadre du plan France Relance.
Le gouvernement prétend ainsi aider le pays à garantir sa souveraineté pharmaceutique et son indépendance en cas de crise sanitaire, alors qu’il ne cherche qu’à arroser les entreprises d’argent public sans contrepartie aucune. Mais là, cette subvention a fait scandale et a fini par être annulée.
Il y a un an tout juste, le 29 mars 2021, Servier était condamné, au terme d’un combat de quatorze ans, à 2,7 millions d’euros d’amendes pour tromperie aggravée et homicides et blessures involontaires dans le scandale sanitaire du Mediator. Dès 1998 en effet, l’Agence française du médicament avait été alertée sur les risques de ce médicament. Servier le savait, et pourtant ce produit, retiré du marché en 2009, continuait d’être prescrit comme coupe-faim et est responsable de la mort de plus de 2 000 personnes. La médecin Irène Frachon a commencé le combat contre le Mediator en 2007, quand elle a observé que des patients sous Mediator étaient atteints de déficiences cardiaques graves. Elle s’est alors heurtée aussi bien à Servier qu’aux autorités sanitaires, plus promptes à soutenir un grand patron qu’à veiller à la santé des patients.
Servier, servi par une armada d’avocats, a tenté pendant des années d’éluder ses responsabilités. Ils se sont mobilisés pour éviter la moindre indemnisation. La direction de l’entreprise a d’ailleurs fait appel de la condamnation de 2021.
L’annonce de cette subvention a déclenché la colère d’Irène Frachon qui, au nom des victimes, a déclaré : « C’est un scandale qui me fait trembler de rage et surtout, qui est une insulte aux victimes du Mediator. Ce serait risible si ce n’était pas simplement inquiétant. Et si ça ne témoignait pas d’une indifférence cynique totale aux enjeux de santé publique. » D’autant que la subvention annulée concernait notamment la fabrication d’un médicament, le triplixam, jugé inutile voire dangereux par les autorités de santé.
Cerise sur le gâteau, le groupe est en pleine restructuration et annonce pas moins de 287 licenciements dans le secteur de la recherche et du développement, dont 150 dans les usines d’Orléans et de Gidy, le site concerné par cette subvention. Ainsi, ceux qui pensent que l’argent public versé au nom de la souveraineté et des relocalisations permet de créer des emplois peuvent voir qu’il sert surtout à engraisser les patrons. Seulement, cette fois, la ficelle était un peu trop grosse.
Pour autant, Servier va continuer sa production de médicaments y compris ceux jugés inutiles ou dangereux, sans que l’État réagisse.