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Dans le monde
Arabie saoudite : le prince assassin
L’Arabie saoudite a procédé, samedi 12 mars, à l’exécution de quatre-vingt-un détenus, plus en une seule journée que durant toute l’année 2021 ! Présentés par les autorités comme « coupables de terrorisme et de crimes odieux », le principal crime de beaucoup d’entre eux était en réalité d’avoir participé à des manifestations contre le gouvernement il y a dix ans.
Le régime saoudien se livre à une répression féroce à l’égard des opposants et de tous ceux qui font état publiquement de la moindre critique à l’égard de la famille régnante, du prince Mohammed Ben Salman qui assume la réalité du pouvoir ou de sa législation islamique particulièrement rétrograde. Ainsi, dans ce pays où les femmes n’ont obtenu le droit de conduire qu’en 2018, le simple fait de revendiquer l’égalité des droits avec les hommes vaut à des militantes féministes de se retrouver emprisonnées, privées de contacts avec leurs proches et torturées. Après avoir été condamné fin 2014 à dix ans de prison pour « insulte à l’islam » et avoir reçu 50 coups de fouets en place publique, le blogueur Raïf Badawi vient seulement d’être libéré le 11 mars. Mais soumis à une interdiction de quitter le royaume pendant les dix prochaines années, il ne peut rejoindre sa femme et ses trois enfants qui ont trouvé refuge au Canada.
La monarchie saoudienne sait pouvoir compter sur la complaisance, sinon la complicité, des dirigeants occidentaux. Après ces récentes exécutions, aucun diplomate américain n’a émis la moindre critique à l’égard de cet allié privilégié qui contribue à la stabilité de l’ordre impérialiste au Moyen-Orient. L’Union européenne, elle, a fait preuve, comme à son habitude, de plus d’hypocrisie, exprimant son inquiétude devant cette « tendance à recourir à la peine de mort en Arabie saoudite ». Quant à Macron, si prompt ces jours-ci à se présenter comme un défenseur de la liberté et de la paix, il ne va certainement pas se fâcher avec le prince dirigeant de ce pays devenu l’un des principaux clients des industriels français de l’armement.