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Leur société
Porc et produits laitiers : baisse de revenus pour les agriculteurs
Suite à la flambée des prix des céréales et à la baisse du prix du porc, les éleveurs subissent une nouvelle crise. l’État a décidé de débloquer 270 millions d’euros, soit 15 000 euros par exploitation. Autrement dit, il verse aux agriculteurs de quoi survivre quelques mois.
Le prix du porc est marqué par son caractère cyclique avec de fortes hausses, notamment l’été, suivies de fortes baisses. En 2021, les éleveurs n’ont connu que quatre mois d’embellie et la baisse du prix depuis l’été est de plus de 30 centimes par kilo (de 1,55 à 1,23 euro). Pour justifier leur choix de baisser les prix, les abattoirs ne manquent pas d’arguments avec la baisse des exportations vers la Chine, la concurrence en Europe ou encore le mauvais temps pendant l’été qui a limité les grillades et barbecues.
Incités par les abattoirs ces dernières années, de nombreux éleveurs ont rénové et modernisé leurs bâtiments. Les abattoirs s’inquiètent du vieillissement des bâtiments d’élevage notamment en Bretagne et ont besoin de fournisseurs performants. Ces dernières années, suite à l’épidémie de peste porcine, les abattoirs ont voulu profiter de la pénurie temporaire sur le marché chinois pour exporter du porc. Il fallait être le plus rapide à vendre. Maintenant que le marché est bouché, aux agriculteurs d’assumer la baisse de prix et les investissements réalisés.
Face aux problèmes des éleveurs, le ministre de l’Agriculture fait mine de taper du poing sur la table et promet qu’il va faire pencher la balance du côté des agriculteurs. Mais évidemment il n’en est rien. Les abattoirs, qui sont également transformateurs, ont été condamnés en 2020 pour entente sur les prix. Dans ce cartel du jambon , la Cooperl s’en était sortie en faisant du chantage à l’emploi pour ne pas payer l’amende de 35,5 millions d’euros, avec l’accord de l’État.
Les éleveurs subissent dans le même temps la flambée du prix des céréales qui sont à la base de l’alimentation des porcs (maïs et blé principalement) et qui représentent deux tiers de leurs coûts de production. Les éleveurs ne peuvent pas supporter ces charges supplémentaires, liées essentiellement à la spéculation. De plus ce sont les abattoirs qui décident du prix auquel ils achètent. Certains abattoirs, comme la Cooperl, jouent sur les deux tableaux en tant que vendeurs d’aliments et ont beau jeu de se présenter comme partenaire des éleveurs.
La production laitière est marquée par la même mainmise des capitalistes de la transformation et de la grande distribution. Après avoir poussé les éleveurs à convertir leur exploitation à l’agriculture biologique, ils ont décidé, suite à la stagnation de la demande, de baisser le prix qu’ils paient. Celui du lait biologique se rapproche de celui du lait conventionnel.
Tant que le marché était porteur, les laiteries et la grande distribution ont cherché à produire toujours plus. Ils savaient que la demande de lait bio, plus cher, était limitée, et comment s’en étonner quand chaque jour les travailleurs voient leur pouvoir d’achat rogné ?
Aujourd’hui, les laiteries font subir les conséquences de leurs choix aux agriculteurs et déclassent le lait biologique en lait conventionnel. La perte est pour certains de plusieurs milliers d’euros. Les conversions en bio sont bloquées et certains agriculteurs qui ont entamé leur conversion ne savent pas si un jour leur lait sera payé au prix du bio. Bien sûr, les consommateurs n’ont pas vu le prix du litre de lait baisser.
Dans cette crise, les agriculteurs ne pourront pas trouver de solution du côté des capitalistes de l’industrie et de la grande distribution ou de l’État. On ne pourra imposer un prix rémunérateur aux agriculteurs sans faire payer les consommateurs qu’en prenant sur les profits.