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- Lutte ouvrière n°2797
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la guerre en ukraine
Des étudiants étrangers moins égaux que d’autres
En Ukraine étudient 76 500 jeunes venus d’autres continents, d’Inde et, pour 20 %, d’Afrique.
Ces étudiants maghrébins, congolais, ivoiriens, gabonais, ghanéens étaient jusqu’à présent accueillis dans des universités ukrainiennes, spécialisées en sciences, en technique et en informatique. Les cursus y sont deux fois moins coûteux qu’en Russie, et évidemment qu’en Europe de l’Ouest, et les autorités ukrainiennes leur délivraient des visas sans difficulté majeure.
Fuyant comme des milliers d’autres les bombardements, beaucoup d’entre eux ont dû affronter, en plus de la situation dramatique le mépris voire la violence des autorités qui encadraient le passage des réfugiés quittant l’Ukraine. D’un côté comme de l’autre de la frontière, de jeunes Africaines et Africains, ont été maltraités parce que Noirs. De nombreux témoignages de filtrage arbitraire ont été rapportés au poste frontière de Medyka, au sud-est de la Pologne. « On n’arrive pas à s’approvisionner en eau, en nourriture, on est livrés à nous-mêmes », a témoigné une jeune Ivoirienne, étudiante en informatique. D’autres ont raconté l’attitude violente, les coups, venant de policiers ukrainiens comme polonais, tentant notamment de les empêcher de monter dans les bus ou les trains emmenant les réfugiés. Certains ont dû marcher plusieurs dizaines de kilomètres, traînant leur bagage, faute d’avoir été admis dans un bus.
Tandis que beaucoup d’entre eux ont dénoncé l’absence d’aide de la part des autorités de leur pays d’origine, ils ont rencontré fréquemment la solidarité d’Ukrainiens fuyant à leurs côtés. « Des volontaires postés sur la route de la frontière proposaient de l’eau, de la nourriture, des Pampers, des couvertures » à tous les fugitifs. De la même manière, certains racontent avoir été accueillis par des habitants de l’autre côté de la frontière pour une ou plusieurs nuits, avant que leur retour dans leurs familles en Afrique soit possible.
C’est seulement le 3 mars qu’une directive européenne datant de 2001 a été activée pour accorder une protection temporaire dans l’UE aux réfugiés fuyant la guerre en Ukraine. L’application de la mesure aux réfugiés n’ayant pas la nationalité ukrainienne est d’ailleurs restée en suspens, les autorités polonaises et autrichiennes y étant opposées.
C’est donc une forme d’apartheid qu’a dû subir une partie des réfugiés, du fait de leur couleur de peau.