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- Lutte ouvrière n°2797
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Colombie : l’avortement autorisé jusqu’à 24 semaines
Après 518 jours de délibérations, la Cour constitutionnelle de Colombie a accepté par cinq voix contre quatre que l’avortement soit dépénalisé jusqu’à 24 semaines de grossesse.
Ce vote a déclenché une explosion de joie chez les femmes, jeunes et moins jeunes, mobilisées pour le droit à l’avortement. Inspirée par la victoire des femmes argentines, et portant elles-mêmes le foulard vert de la lutte pour ce droit, c’est en effet Cause Juste, une coalition d’organisations de femmes, regroupant diverses associations, y compris des femmes médecins, qui avait saisi la Cour constitutionnelle il y a deux ans. Ces femmes dénonçaient la criminalisation de l’avortement comme une violation des droits des femmes.
Cette décision rétroactive devrait permettre de faire sortir des dizaines de Colombiennes de prison et les faire bénéficier d’une juridiction plus favorable dans une région où le poids des Églises catholique, protestante ou évangéliste a toujours été un frein puissant au droit à l’avortement libre, sûr et gratuit. Sous une présidence archi-réactionnaire qui cite dieu à toute occasion, avec un Parlement à sa botte, ce droit était loin d’être gagné. L’astuce consistant à aller déposer la demande à la Cour constitutionnelle, qui ne compte que neuf personnes à convaincre, a été pour une fois payante. Mais cette victoire est d’abord le fruit de seize années de luttes des femmes.
En 2006, elles avaient imposé la dépénalisation de l’avortement dans trois situations : le viol, une malformation grave du fœtus et un risque pour la santé de la mère. Parmi les arguments défendus par Cause Juste et qui ont pesé figure le caractère inégalitaire de l’interdiction de l’IVG, qui sanctionne les femmes les plus démunies, sans moyens pour les avortements clandestins, et surtout le fait que l’interdiction ne les a jamais empêchés. En Colombie en 2021, on recensait 70 femmes décédées suite à un avortement et plus de 135 000 consultations médicales découlant d’une IVG.
C’est un nouveau succès de la mobilisation des femmes. Mais, en Amérique latine, bien des pays ont encore une législation interdisant tout avortement : le Honduras, le Salvador, le Nicaragua, Haïti et une grande partie du Mexique. Ainsi, au Salvador, une femme accusée d’avoir avorté risque encore jusqu’à 50 ans de prison !