Cette inflation touche tout d’abord les prix de l’énergie, qui ont augmenté de 21 % en un an. Rien que depuis le début 2022, le prix du litre de SP 95 est passé de 1,62 à 1,81 euro, ce qui se traduit par une augmentation de 8 à 10 euros à chaque plein de réservoir. Mais l’inflation se répercute dans tous les produits d’alimentation. Ainsi, selon l’Insee, les produits frais ont augmenté en un an de 5,6 %. Manger cinq fruits et légumes par jour !, recommandent les diététiciens. Mais le porte-monnaie des classes populaires ne le permet pas. Et c’est plutôt le régime « Travail, famille, pâtes, riz » de Coluche qui s’impose au plus grand nombre.

Cette inflation est une guerre menée par la grande bourgeoisie contre le monde du travail. Car les bénéfices des grands groupes pétroliers ou du commerce sont en parfaite santé. Total a annoncé des bénéfices record de 15 milliards d’euros. Le groupe Carrefour a affiché en 2021 un bénéfice en forte hausse, 40 %, aux dépens des clients et des salariés.

Le monopole des grandes familles capitalistes sur les moyens de production leur permet d’augmenter d’une main les prix et de bloquer les salaires de l’autre. L’inflation est ainsi une arme supplémentaire pour augmenter la plus-value en baissant les salaires réels.

Si l’explosion des prix a précédé la guerre en Ukraine, celle-ci en retour va l’accélérer. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, entend bien utiliser ce nouveau prétexte pour justifier les atteintes au pouvoir d’achat à venir. « Je suis les prix à la pompe, il y a des augmentations de 2 à 3 centimes [le litre] actuellement c’est toujours trop élevé mais ça reste modéré. Les Français ont conscience que la défense de la liberté en Ukraine a un prix », a-t-il osé déclarer le 1er mars à propos du prix de l’essence. C’est au contraire la liberté des capitalistes de fixer les prix et les salaires qui a un coût exorbitant pour l’ensemble de la société.

Nul doute qu’ils vont emboîter le pas à leur ministre et tenter de mettre à profit le conflit pour imposer des hausses de prix et de bénéfices. De simples profiteurs ils vont passer, comme nombre de leurs prédécesseurs, au rang de profiteurs de guerre.

Les travailleurs, en France comme ailleurs, doivent au contraire s’opposer à la guerre et refuser d’en faire les frais. Ils doivent imposer d’urgence des augmentations générales de salaires et leur indexation sur les prix.