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Leur société
Médico-social : salaires encore à la traîne
Le Premier ministre, Castex, a annoncé que les travailleurs du secteur médico-éducatif, « oubliés du Ségur », toucheraient dans quelques mois la prime de 183 euros par mois qu’il avait concédée à une partie des soignants en 2020.
Le gouvernement lui-même reconnaît par le versement de cette prime qu’il y a un gros problème de salaire dans le vaste secteur de la santé et du social, où travaillent surtout des femmes. Il est confronté à un problème de recrutement. Pourquoi se diriger vers ce type de travail exigeant, avec des horaires de soir, de nuit et de week-end, et qui pourtant paye si peu ?
Cette prime est la réponse, bien incomplète, du gouvernement. Il ne l’a accordée qu’à reculons et en saucissonnant les travailleurs de ce secteur. Les soignants hospitaliers ont touché ce complément en premier, mais leurs collègues de la logistique, de la technique, du ménage ou des services administratifs ont dû attendre. Il a fallu des protestations et des mobilisations pour que la mesure soit étendue au cours de l’année 2021. Le 1er février avait encore lieu une journée de protestation du secteur médico-social. À présent, cette prime est promise à 140 000 salariés qui s’occupent de personnes en situation de handicap, de jeunes en difficulté, de public en besoin d’hébergement, ainsi qu’à 40 000 fonctionnaires qui avaient été « oubliés », c’est-à-dire mis délibérément à l’écart, lors des précédentes tranches de versement de ce complément.
Il y a deux ans, ces 183 euros étaient déjà bien en retrait des 300 euros net mensuels pour tous revendiqués tout au long de l’année 2019 par un large mouvement, parti des services d’urgence, qui avait fini par mettre beaucoup d’hospitaliers dans la rue. À présent, avec l’inflation qui ronge les salaires, cette somme est encore plus insuffisante.
D’autant plus que certains détails, dont Castex ne se vante pas lors de ses conférences de presse, amenuisent encore la portée de ce geste. Ainsi, les moins bien lotis des hospitaliers, avec des salaires de 1 300 euros par mois par exemple, ont droit à la prime d’activité, qui se trouve réduite par ce coup de pouce de 183 euros.
Est-ce qu’à présent plus aucun travailleur de la santé, du handicap, de la précarité et de l’aide aux personnes n’est laissé de côté ? Est-ce que tous vont avoir un complément, même modeste ? Ce n’est pas certain. Ce qui est sûr c’est que le gouvernement n’a prévu aucune rétroactivité, aucun rattrapage en faveur de ceux qui toucheront en dernier, avec 24 mois de retard les 183 euros : ils auront perdu plus de 4 000 euros. Les « oubliés du Ségur » ne l’oublieront pas de sitôt.