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Leur société
Crédit suisse : les coffres-forts des puissants
Le consortium d’investigation OCCRP, regroupant 152 journalistes de trente-neuf pays, dont ceux du Monde, a étudié une liste de clients du Crédit suisse, transmise par un lanceur d’alerte anonyme.
Cette kyrielle de noms a un petit air d’inventaire à la Prévert, à la différence près qu’elle ne prête pas à sourire ; on y trouve une série d’individus riches à millions, ou plutôt à dizaines de millions, et criminels, chacun dans leur style.
Cela va du baron serbe de la drogue, dont les enquêteurs n’ont pu découvrir les comptes qu’une fois vidés, aux puissants serviteurs des dictateurs ou aux dictateurs eux-mêmes. On rencontre les noms d’un chef des services de renseignements du Yémen, de celui du renseignement pakistanais, qui fut un intermédiaire financier entre la CIA et les moudjahidines afghans. Un autre chef espion, égyptien cette fois, y a abrité les économies réalisées grâce à sa collaboration avec le gouvernement américain pour envoyer des suspects de terrorisme vers des pays connus pour leur pratique de la torture.
Crédit suisse a aussi hébergé les fortunes des proches des dictateurs du monde arabe, l’égyptien Moubarak, le syrien Hafez al-Assad, un ancien Premier ministre jordanien. Y figurent aussi le nom du président algérien Bouteflika et celui d’un ancien ministre de la Défense algérien. Il s’y trouverait aussi le compte d’un intermédiaire taïwanais, lié au scandale politico-financier des frégates vendues à Taïwan par les sociétés d’armement contrôlées par l’État français.
Le Crédit suisse se refuse à tout commentaire, sauf à expliquer que ses procédures sont maintenant bien plus exigeantes. Mais, comme le dit un ancien dirigeant de la banque, « les bureaucrates ne posent pas de questions, c’est la taille de votre chéquier qui importe ».
Rien de très nouveau. Des sommes incalculables ont transité par ses comptes. Certaines y sont encore, parfois gelées. Mais toutes ces richesses ont été volées aux peuples, le plus souvent opprimés par ces dirigeants. Recenser les biens extorqués est une nécessité, les exproprier en est une autre.