Burkina Faso : l’or qui tue23/02/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/02/2795.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Burkina Faso : l’or qui tue

Une soixantaine de personnes sont mortes dans l’explosion d’un entrepôt de dynamite sur le site minier de Gomgombiro, un village du Burkina Faso.

Un incendie s’est déclaré dans le marché du site et s’est propagé à un entrepôt où étaient stockés des bâtons de dynamite destinés à la mine. Cette mine est en fait un énorme trou dans lequel descendent des centaines d’hommes, venus de tout le Burkina et de pays voisins. Ils utilisent la dynamite pour faire exploser les roches des couches qu’on ne peut exploiter avec des outils artisanaux.

Ceux qui ont été tués dans l’explosion se trouvaient surtout en surface, et parmi eux beaucoup de femmes et d’enfants travaillaient à sortir les minéraux et à les nettoyer à l’eau additionnée de mercure. Les accidents qui sont légion dans ces mines sont le plus souvent dus à des éboulements dans des galeries non boisées, et personne ne se soucie même de les dénombrer.

L’or est le premier produit d’exportation du Burkina, avec le coton. On en trouve partout. Là où l’or est assez dense, il est extrait avec des machines modernes dans des mines industrielles. Mais partout ailleurs ce sont des orpailleurs artisanaux qui le tirent du sol, dans des exploitations allant du simple trou de village à des mines artisanales, comme celle où a eu lieu l’explosion. Un million et demi de personnes dans le pays s’échinent dans ces fosses, au péril de leur vie. Ils tentent leur chance en connaissant les risques, parce qu’il est de plus en plus difficile de vivre de l’agriculture ou de l’élevage. Ces orpailleurs doivent payer leur dîme au propriétaire du trou, et céder leur or à des comptoirs d’achat, de vente et d’exportation de l’or agréés par le gouvernement. Parfois d’autres prédateurs s’interposent et leur volent une partie de leur travail, ici des bandes djihadistes, ailleurs des fonctionnaires ou de simples bandits.

Mais, quels que soient les circuits empruntés par le métal précieux, celui-ci finit toujours par arriver dans les coffres de capitalistes qui, eux, ne risquent pas leur vie dans les mines.

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