Apprentissage post-bac : pas de quoi se vanter23/02/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/02/P7-1_Apprentissage_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C125%2C900%2C632_crop_detail.jpg

Leur société

Apprentissage post-bac : pas de quoi se vanter

Le gouvernement met en avant le développement de l’apprentissage, censé lutter contre le chômage. Le ministère de l’Enseignement supérieur se vante de son développement au-delà du bac.

Illustration - pas de quoi se vanter

En 2020, 203 800 apprentis suivaient une formation de l’enseignement supérieur (soit 42,3 % d’entre eux). Près de la moitié (47 %) des apprentis du supérieur préparaient un diplôme bac+2, 19 % un diplôme de licence ou master, 34 % un diplôme de niveau supérieur à bac+5.

Les jeunes qui choisissent l’apprentissage font bien souvent un choix de raison, pour toucher un petit salaire et éviter de courir après les petits jobs. Mais cela a un prix : cinq semaines de congés au lieu des vacances universitaires, et des semaines doubles, puisqu’ils alternent semaines de 35 heures à l’entreprise et semaines où ils doivent faire le même travail que les autres à l’école ou l’université, concentré sur moins de temps. Et ce, alors que ces formations pourraient se poursuivre normalement, quitte à suivre des stages pratiques au besoin.

Pour les patrons, l’apprentissage est avantageux, car si l’apprenti doit être guidé et encadré, l’entreprise peut récupérer du travail quasi gratuit. Certaines ne s’en privent pas ou utilisent l’apprentissage comme une pré-embauche, mais sans engagement de leur part, filtrant les candidats. Côté universités, cela renforce évidemment la mainmise du patronat sur les formations, par les programmes ou les fonds qu’elles procurent aux universités ou écoles privées, directement ou par la taxe d’apprentissage.

Si beaucoup d’écoles privées se sont montées pour profiter du système, les universités publiques y ont vu elles aussi l’occasion de se procurer les moyens que l’État ne leur donnait pas. Cela a accentué les différences entre départements car faire basculer un diplôme en apprentissage est évidement plus facile en compatibilité ou gestion qu’en histoire médiévale ou littérature comparée, et les recettes de l’un ne sont pas forcément transférées à l’autre.

Ce développement de l’apprentissage est un cache-misère : les étudiants connaissent les joies de l’exploitation plus tôt, sans avoir davantage de moyens pour vivre, et les universités sont poussées à se débrouiller pour pallier les insuffisances de l’État. Mais, puisque des écoles privés prolifèrent et que des entreprises profitent d’une main-d’œuvre bon marché, le gouvernement est content !

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