De nombreux maires, souvent dans les petites communes, sans partager forcément nos idées, sont attachés au pluralisme politique. Employés, ouvriers, techniciens, petits agriculteurs, enseignants ou retraités, ils appartiennent en général au monde du travail. Ils savent ce que sont les problèmes de salaire, de chômage et de précarité, et trouvent légitime que Nathalie Arthaud puisse en parler dans la campagne. Ils ne veulent pas que la parole politique soit monopolisée par des politiciens, choisis par les Bolloré ou les Bouygues, et qui n’ont que faire des intérêts et des sentiments des classes populaires.

D’autres n’ont pas ce sens du pluralisme et voudraient que seuls les candidats qu’ils considèrent comme légitimes puissent obtenir les parrainages. C’est le cas du macroniste Bayrou, qui a proposé d’en faire parvenir à Mélenchon, Zemmour ou Le Pen. Quant au journaliste de LCI Jean-Michel Apathie, il a considéré que les maires qui parrainaient Nathalie Arthaud et Jean Lassalle étaient « irresponsables ». À ses yeux, ce serait sans doute à quelques éditorialistes choisis par les patrons des grands médias et à d’autres personnalités du sérail politico-médiatique, de choisir les candidats. Le journal Marianne a pour sa part expliqué que Lutte ouvrière, « où les femmes sont mises de côté » ( !), obtient ses parrainages parce que c’est un parti « avec une hiérarchie et une discipline militaire » et « certainement » par le biais du Parti socialiste ( !!).

Lutte ouvrière et Nathalie Arthaud n’ont pas fait la loi concernant les parrainages. La règle des 100 puis 500 parrainages nécessaires a été adoptée en principe pour filtrer les candidatures en empêchant celles qui seraient fantaisistes, en réalité pour tenter de verrouiller le système et d’empêcher les courants qui ne sont pas issus du sérail politicien de s’exprimer.

À la différence des grands partis, Lutte ouvrière ne dispose d’aucun élu habilité à parrainer (députés, députés européens, conseillers régionaux, maires…). Si elle est parvenue à surmonter l’obstacle, c’est grâce à la détermination de ses militants allés à la rencontre de milliers de maires à travers tout le pays. Cela peut surprendre quelques journalistes qui ne voient le monde que depuis leur cocon, mais pas le monde du travail au sein duquel beaucoup connaissent Lutte ouvrière comme une organisation opiniâtre et bien présente au quotidien. Dans la population travailleuse, on sait, pour le vivre tous les jours, que quand on veut défendre ses intérêts d’exploités, il n’y a rien à attendre des dirigeants de ce système, il faut se battre.

Grâce à cette énergie militante, grâce aussi au sens démocratique des maires des petites communes, Nathalie Arthaud sera bien présente dans la campagne présidentielle, pour faire entendre le camp des travailleurs.