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Leur société
Mélenchon : tout à fait présidentiable
Jeudi 10 février, dans le cadre de l’émission Élysée 2022 sur France 2, Jean-Luc Mélenchon était confronté au président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux. Une belle occasion pour le premier de montrer au second son esprit de responsabilité à l’égard des capitalistes, et pour le second d’affirmer qui gouverne vraiment.
Après les sourires d’usage et les congratulations mutuelles sur les livres respectifs, du « Je l’ai lu dans le détail, je le recommande », émanant de Mélenchon, au « Très bien fait, je le prends au sérieux, vous êtes prêt à gouverner », de Roux de Bézieux, Mélenchon a montré son aptitude à assurer la présidence de la république bourgeoise.
Après avoir dit la situation insupportable de ceux qui vivent avec 800 euros par mois, après en avoir appelé à l’urgence sociale, le candidat à la présidence a proclamé un ultimatum : « Si je suis élu, l’année 2022, vous devrez organiser une conférence obligatoire annuelle avec un objectif de progression des salaires, pas seulement le smic, tous les autres salaires. J’espère que je suis entendu. » Comme qui dirait une sorte de NAO, ces négociations annuelles obligatoires qui ne font ni chaud ni froid au patronat ! Roux de Bézieux en tremble sans doute encore.
Puis, s’affirmant choqué des 137 milliards de profits, dont 70 milliards de dividendes, des patrons du CAC 40, révolté par les 140 milliards de dégrèvements et autres aides offertes au patronat, Mélenchon assure que, s’il est élu, il s’engage à « reprendre tout ce [qu’il] peut reprendre ». Combien ? La moitié, assure-t-il ! « Je prends et j’investis par l’État. » Et d’affirmer que les patrons ne le regretteront pas, que l’État investira, que les carnets de commandes seront pleins et que donc les patrons embaucheront, le chômage baissera et les salaires augmenteront car les employeurs regagneraient d’un côté ce qu’ils perdraient de l’autre.
Ce conte de fées n’a aucune chance d’influencer les marchés et la soif de profit immédiat des capitalistes. Par contre, le message de Mélenchon est clair, il leur dit qu’avec lui on pourra s’arranger pour qu’ils ne perdent rien. Et cela, même quand il leur fait les gros yeux pour soigner sa prétendue image radicale.
Mélenchon peut être apte à présider la république bourgeoise. Le représentant des patrons le sait et sait qu’il n’a rien à en craindre. Il reste aux deux compères, comme ils se le sont promis à l’issue du débat, à poursuivre la discussion au restaurant. Au menu de Mélenchon, il n’y a rien que le patronat pourrait ne pas digérer.