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Dans le monde
OTAN-Russie : négociations entre brigands
À trois reprises dans la semaine du 10 janvier, les diplomates russes et américains se sont rencontrés pour discuter des relations entre l’OTAN et la Russie en général et du sort de l’Ukraine en particulier.
La Russie est présentée par les dirigeants occidentaux comme l’agresseur de l’Ukraine depuis l’annexion en 2014 de la Crimée, dont la population est majoritairement russe, et le soutien militaire apporté par Poutine aux séparatistes russophones du Donbass. Fin novembre, sous prétexte de manœuvres militaires, Poutine a massé des troupes aux frontières de l’Ukraine dans une démonstration de force face aux dirigeants ukrainiens pro-occidentaux qui souhaitent adhérer à l’OTAN, l’organisation militaire chapeautée par les États-Unis.
Ces grandes manœuvres permettent aux dirigeants baltes, polonais et même scandinaves d’évoquer la menace russe et de réclamer une plus grande protection de l’OTAN. En effet, l’Union européenne n’ayant pas vraiment d’existence politique et militaire, la France et l’Allemagne défendant chacune de son côté les intérêts contradictoires de leurs capitalistes en Russie, ces dirigeants préfèrent se mettre sous protection américaine.
Ni Poutine ni les dirigeants occidentaux n’agissent évidemment pour défendre la volonté et les intérêts des peuples, qu’ils soient ukrainien, russe, polonais, balte ou... kazakh. L’OTAN a été bâtie au moment de la guerre froide pour enrôler les alliés des États-Unis dans leur combat pour isoler et affaiblir l’Union soviétique. À la chute du rideau de fer, suivie de l’éclatement de l’Union soviétique, il y a trente ans, les dirigeants américains n’ont pas dissous l’OTAN. Au contraire, ils ont profité de l’affaiblissement brutal de la Russie, dans la décennie 1990 pour faire adhérer à l’OTAN les trois pays Baltes, les pays de l’Est européen anciens membres du Pacte de Varsovie et pour prendre pied en Asie centrale en ouvrant des bases militaires au Tadjikistan, ou au Kirghizistan. Aujourd’hui que Poutine a restauré en Russie la « verticale du pouvoir », autrement dit un appareil d’État répressif et une armée opérationnelle, il tente de défendre le pré carré des oligarques qu’il représente.
Dans toutes leurs grandes manœuvres, les dirigeants américains n’ont jamais été gênés par leur collaboration avec des dictateurs ou des politiciens d’extrême droite ultranationalistes. Il est significatif, alors même qu’ils sont en conflit ouvert avec Poutine en Ukraine, que les dirigeants occidentaux n’aient rien trouvé à redire à l’envoi de milliers de soldats russes au Kazakhstan pour aider la dictature à réprimer la révolte populaire contre l’augmentation des prix.
Ni l’alliance militaire que constitue l’OTAN, ni celle placée sous l’égide de la Russie ne sont là pour défendre la liberté des peuples. Aujourd’hui avec Poutine comme hier avec les bureaucrates staliniens du Kremlin, les dirigeants impérialistes et russes se partagent les rôles de gendarmes du monde et de gardiens d’un ordre social injuste. Quelle que soit la teneur des tractations qui se mènent à Genève ou à Bruxelles entre l’OTAN et la Russie, les classes populaires de tous les pays n’ont que des menaces à en attendre.