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Leur société
Pêche en eau trouble à Nice
Le 10 janvier, Emmanuel Macron a réalisé un aller-retour express dans les Alpes-Maritimes avec l’idée de faire un coup double : déborder Éric Ciotti, député LR local et soutien de Valérie Pécresse, sur le thème sécuritaire et afficher l’efficacité des services de l’État stimulés par leur chef, c’est-à-dire lui-même, pour la reconstruction de villages dévastés par la tempête Alex dans la vallée de la Roya.
À Nice, devant un parterre de policiers, il a inauguré le chantier d’un nouvel hôtel de police qui devrait héberger 800 agents municipaux, 1 200 policiers nationaux et un centre connecté aux 4 000 caméras de la ville. Il en a profité pour annoncer qu’il proposera au vote de l’Assemblée une augmentation du budget de la sécurité de 15 milliards en cinq ans, évidemment après l’élection présidentielle…
Dans la vallée de la Roya, les élus l’ont amplement félicité pour son action ; il aurait eu aussi un accueil populaire, mais parfois un peu décalé, une participante au bain de foule lui ayant fait comprendre qu’elle maniait le même vocabulaire que lui dans le registre décontracté.
Ce n’est évidemment pas un hasard si Macron a choisi cette région pour mener campagne. Le vivier des électeurs de droite et d’extrême droite y est important. Plus qu’ailleurs, les thèmes réactionnaires font recette : la sécurité, l’ordre, la peur des migrants – pourchassés dans la vallée de la Roya –, le mépris des parents et de leurs enfants prétendument responsables de la délinquance et plus généralement le mépris des travailleurs. Ni Ciotti ni Estrosi, maire de Nice passé des Républicains à La République en marche, ne se sont privés de les exploiter.
Aux côtés d’Estrosi, Macron ne pouvait manquer l’occasion d’aller marquer à la culotte ses concurrents les plus réactionnaires. Si cela pouvait payer…