Mali : la Cedeao et Macron étranglent la population12/01/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/01/2789.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : la Cedeao et Macron étranglent la population

La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui compte 15 pays, dont la plupart des anciennes colonies françaises d’Afrique de l’Ouest, ainsi que le Nigeria et le Ghana, a pris dimanche 9 janvier des sanctions économiques sans précédent contre le Mali.

Censées être dirigées contre la junte militaire qui dirige le pays, ces sanctions vont surtout frapper la population. Les frontières terrestres et aériennes des pays de la Cedeao avec le Mali seront fermées. La conséquence immédiate en sera l’augmentation des prix, amplifiant la hausse actuelle qui sévit dans toute l’Afrique suite à la crise des matières premières et à l’épidémie de coronavirus. La Cedeao a beau affirmer que les produits alimentaires seront exclus de cette mesure, cela n’empêchera pas les commerçants de constituer des stocks, la spéculation de faire rage à tous les niveaux et en fin de compte la facture d’augmenter pour les consommateurs. Les denrées alimentaires ne sont pas les seules concernées.

Bien d’autres produits indispensables arrivent de l’extérieur du continent en transitant par le port ivoirien d’Abidjan, et en Afrique même, la moitié du commerce extérieur du Mali se fait avec des pays de la région. Les transactions financières sont également interrompues, ce qui concerne l’argent que les Maliens travaillant dans les pays voisins envoient à leurs familles. Les avoirs du Mali auprès de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest seront gelés. Sans forcément gêner les généraux, cela leur donnera une bonne raison de ne pas payer les fonctionnaires. Il y a aussi de nombreuses conséquences collatérales : lundi 10 janvier, Air France a suspendu l’ensemble de ses vols vers la capitale malienne Bamako.

En prenant ces sanctions, la Cedeao se plie aux volontés de la France et relaie ses pressions sur les dirigeants maliens. En perpétrant leur coup d’État de mai 2021, les militaires maliens ont pris leurs distances avec la France. Alors que Macron leur avait impérativement demandé de quitter le pouvoir à l’occasion d’élections présidentielles prévues en février 2022, leur chef, Assimi Goïta, les a repoussées à 2026, et a proclamé que la junte n’entendait pas s’effacer d’ici là.

Macron a aussi pu expérimenter l’exactitude du vieux proverbe « Qui va à la chasse perd sa place » lorsqu’il a vu les militaires russes du groupe Wagner débarquer au Mali pour suppléer au départ de la plus grande partie du contingent français de Barkhane. C’est ce refus de se soumettre à ses diktats qui gêne Macron, bien plus que la présence de képis à la tête d’un État, qu’il tolère parfaitement au Tchad voisin.

Se comportant en supplétifs de Macron et de l’impérialisme français, les dirigeants de la Cedeao vont encore aggraver la situation dramatique de la population malienne, écrasée par les pénuries alimentaires, menacée en permanence par les groupes djihadistes, les conflits interethniques et les bandes armées du pouvoir auxquelles il faut ajouter maintenant les mercenaires russes. Mais ils n’en ont cure, méprisant tout autant les Maliens que les habitants de leur propre pays.

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