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Leur société
Salaires inférieurs au smic : augmentations massives indispensables
« Rester toute sa vie au smic n’est plus tolérable », aurait déclaré Élisabeth Borne, la ministre du Travail, aux dirigeants de plusieurs fédérations professionnelles où les salaires démarrent même sous le seuil que devrait constituer le smic.
En ministre soucieuse des intérêts de son président-candidat, Borne souhaite montrer que les problèmes de bas salaires et de pouvoir d’achat n’échappent pas au gouvernement et même qu’il agit. Elle avait déjà froncé les sourcils en septembre, en enjoignant à des secteurs comme l’hôtellerie-restauration de relever les salaires s’ils voulaient se rendre « attractifs ». La voilà décidée à leur faire les gros yeux lors de la rencontre prévue le 17 décembre. Mais, au cas où d’ingénus patrons la prendraient au sérieux, elle ajoute qu’elle ne peut décréter une hausse généralisée des salaires.
Derrière ce cinéma, la réalité reste la même : entre fonds de solidarité, prise en charge du chômage partiel et autres prêts garantis, l’État a versé 28,5 milliards d’euros d’argent public à des entreprises dont le premier niveau de la grille de rémunération reste souvent inférieur au smic et dont les salariés demeurent parmi les plus mal payés.
Ainsi, dans la restauration, le premier niveau de la grille est inférieur de 75 euros au salaire mensuel minimum. Les maigres « coups de pouce » au smic ont même eu pour effet que cinq échelons ne sont désormais plus conformes au seuil du salaire minimum, alors que 80 % des salariés du secteur en relèvent !
Du côté patronal, on reste droit dans ses bottes : un coup de projecteur sur le petit patron d’un bistrot de quartier qui serait condamné à la fermeture par l’augmentation des salaires permet de passer sur les profits des chaînes hôtelières, des grandes entreprises du nettoyage ou de la restauration rapide. Un représentant de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie balaie Borne d’un revers de main. Affirmant « nous n’avons aucune pression à recevoir du ministère », il parle de « juste milieu à trouver pour sortir de l’illégalité ».
Pour les centaines de milliers de travailleurs de ces secteurs, du nettoyage à la restauration en passant par l’hôtellerie, la coiffure ou l’habillement, le « juste milieu » ne se situe certainement pas là où le place le patronat. Même entier, le smic ne permet pas de finir le mois et ne compense certainement pas les horaires fractionnés, le travail le week-end ou la nuit, subis par beaucoup de ces salariés.
En finir avec les salaires indignes ne dépendra ni du bon vouloir du patronat, ni de celui de politiciens qui, malgré leurs discours ou les poses qu’ils adoptent, s’arrêtent devant la « liberté » d’entreprendre, même quand elle signifie sous-payer, licencier ou surexploiter.
Pour obtenir les augmentations massives indispensables aux travailleurs, ceux-ci n’auront pas d’autre choix que d’en faire leur combat commun.