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Dans le monde
Soudan : la mobilisation continue
Au Soudan, les manifestations continuent. La répression, qui a fait 42 morts et des centaines de blessés depuis le coup d’État du 25 octobre, n’a pas réussi à y mettre fin, pas plus que l’accord conclu le 21 novembre entre les militaires et le Premier ministre Abdallah Hamdok qu’ils avaient arrêté.
En perpétrant leur coup d’État, les chefs de l’armée avaient décidé de mettre un terme à l’illusion d’un gouvernement partagé entre civils et militaires qu’ils entretenaient depuis le renversement du dictateur Omar el-Bechir il y a deux ans. Ils estimaient qu’ils pouvaient désormais reprendre en main l’intégralité du pouvoir sans se cacher d’avantage. Les militaires en armes s’étaient répandus dans les rues des grandes villes, poursuivant jusque chez eux tous ceux qui s’opposaient au coup d’État, les tabassant et les torturant. Dans le même temps, les ministres et les responsables civils étaient arrêtés, à commencer par le Premier ministre.
Malgré ce déferlement de violence, des manifestants sont aussitôt descendus dans la rue, isolant leur quartier par des barricades, résistant comme ils pouvaient aux forces de répression. Les manifestations n’ont pas cessé depuis, jour et nuit, à Khartoum comme dans les principales villes du pays. C’est sans doute ce qui a poussé les militaires à libérer au bout de quatre semaines Abdallah Hamdok et à conclure avec lui un accord prévoyant son retour à la tête du gouvernement. Hamdok s’est prêté à ce marché de dupes, même si, derrière le gouvernement de prétendus techniciens qu’il dirige, c’est une fois de plus la junte militaire qui garde tous les pouvoirs.
La population, elle, ne s’y est pas trompée et a bien compris que cet accord avec les militaires ne signifiait rien d’autre que la légalisation de leur coup d’État. Les manifestations continuent donc, précédées de marches nocturnes dans les quartiers pour y appeler. L’Association des professionnels soudanais, qui avait impulsé les manifestations contre Omar el-Bechir, dénonce « l’accord des traîtres qui n’engage que ses signataires ». C’est également le cas des comités de résistance, créés dans les quartiers, qui préparent les manifestations.
La population soudanaise, les travailleurs et la jeunesse, ne veulent plus vivre sous une dictature militaire, comme cela a été le cas au Soudan pratiquement sans interruption depuis l’indépendance. Le souvenir du renversement d’Omar el-Bechir arraché en bravant la répression est encore bien vivant. Cette victoire inspire toujours confiance et courage à toutes celles et ceux qui se battent aujourd’hui contre la junte, déjouant ses manœuvres et bravant la répression.